Un nouveau site est né, il se nomme Mille et une comme toutes ces histoires qui surgissent de nos imaginaires. Ici pas d'inscription juste le plaisir de lire, d'écrire, de découvrir et de partager les mots.
Une image par mois comme une porte ouverte à la diversité et aux rêves. Allez vous y perdre, on y est si bien.
Voici le thème de Janvier.
Compartiment C, voiture 193. Edward Hopper. 1938. Collection I.B.M. New-York.
Il s’avance vers le quai, la nuit s’étale sur ce béton d’après pluie, le panneau de départ n’indique même plus l’arrivée. Au bord de l’escalier mécanique, un contrôleur balance doucement son falot, le train va venir.
La machine gémit, soubresaute, transpire dans ses râles de métal, s’ébroue et ouvre ses portes.
Alors il monte, cherche une place ou caser ses jambes et près de la fenêtre. Ce n’est pas tout de suite qu’il a vu tous ces sièges vides, ce lancinement qui vire au maudit et ces arrêts à des gares désertes.
Juste une banquette froide et tachée devant lui alors il ferme les yeux, se berce d’hoquètements d’aiguillage, et la rencontre.
Ses jambes, ce crépuscule lancinant, de mer saturée et terni ce bleu de nuit pudique et prometteur ?
Non, elle ne lit pas, elle feint, elle est belle avec ses boucles anarchistes fuyantes aux bords de sa coiffe.
Un message l’a réveillé, il n’y aura pas d’arrêt à la prochaine gare. La banquette est vide et la prison d'acier tremble à nouveau, s’enfonce dans le noir et l’au delà des frontières.
De nouveau la paupière en rideau, la mélopée de fer et de vent, puis ses jambes.
Que lit-elle ? pourquoi ne relève-t-elle pas les yeux ?
Puis-je vous parler Madame ? Ne pas se réveiller surtout, j’en suis sur, elle n’y sera plus.
Soudain ce cri de vapeur, sa lèvre entrouverte sous le choc au siège d’en face, le silence, sa main qui tâtonne, elle est là ?
Et juste ce carnet entrouvert et ces mots bleus comme sa robe, tremblants :
on est arrivé…