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diaphane express

25 mars 2007 7 25 /03 /mars /2007 21:42
vous partez monsieur, vous quittez le ministère de l’intérieur,
trois ans de règne, suffisant pour faire de la police des intouchables, si loin de la protection des individus, juste des flics trésoriers, racistes, faut pas jouer au basket avec les mecs de la ZUP, vous êtes là pour marquer l’ordre, des relents gerbants de dictature, je suis pas hongrois monsieur et je vous tolère, c’est pas à moi de partir ni à mon pote arabe, on vivra mieux sans vous, sans cette culture de l’identité, en avez-vous une, vous qui n’avait fait que trahir, vous aimez les mots chocs monsieur, vous aimez les dire, je vous offre les miens en réponse à vos karchers et racaille, je vous vomis, monsieur
vous avez divisé la France , votre héritage sera long à effacer, vous avez fait le mal, nourri les haines et les corporatismes, fait d’un simple citoyen un coupable potentiel, la peur, votre triste argument, oui j’ai peur, vous nous laissez trois semaines de souffle avant que votre ego ne continue de s’étaler sur ces médias qui sont vos parrains et témoins, oui votre héritage sera long à effacer
vous partez monsieur, vous revendiquez la présidence
pour mieux satisfaire votre ambition démesurée, je, je, je, je… la presse juste entre vos jambes s’occupe du silence, et votre police fait le reste, j’ai le souvenir, monsieur, deux jours avant votre fin ministérielle de l’arrestation d’un grand père avec gaz lacrymo devant des enfants d'une maternelle, et la directrice médiatrice, en garde à vue, oui je vous refuse monsieur, vous représentez la même police que celle qui obligeait à porter l’étoile mais ce n’est pas votre histoire, vous êtes de souche hongroise je crois, je dis ça cause à l’identité nationale dont vous vous repaissez jusqu’à la bave, dans ma famille des morts pour la France et dans la votre ? j’dis ça toujours à cause de l’identité, vous voulez mon sang, mon sperme, votre police analysera… et qu’êtes vous donc monsieur aux yeux des nations qui vous observent, le disciple idolâtre du bénéfice et de la spéculation, l’éthique et l’humanisme, vous connaissez ces mots ? quand vous prenez l’airbus avec monsieur Lagardère, vous trinquez à la santé des licenciés ? Georges vous fera un bon barbecue et la Palestine et l’Afrique vous remercient, vous êtes qui déjà ?
vous partez monsieur, vous quittez le ministère de l’intérieur,
vous voulez être président de la république,
je vous fuis… et plus encore, vous voyez, je vous crains, c’est que le mal est fait
puisse l’intelligence et le destin nous épargner,
de vous
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24 mars 2007 6 24 /03 /mars /2007 21:30

25 mars 1957, le traité de Rome est signé,
l’ébauche de l’Europe, d’une entité symbole de paix, un coup d’éponge sur ces trois guerres meurtrières, l’espoir d’une force face aux Etats unis, et une Chine qui s’éveille
et puis maintenant, les reliquats d’un référendum négatif, orchestré par un Fabius qui aspirait aux présidentielles, depuis longtemps oublié le sang qui lui coule sur les manches, la gauche caviar et même les bobos de droite main dans la main avec l’extrême droite et la gauche systématique, le rêve humain d’une lutte et d’une éthique commune s’évapore, tous ceux qui n’ont pas lu la constitution se réjouissent et la France perd ses postes clé en même temps qu’elle casse avec les Pays bas l’idée même d’un rassemblement
aujourd’hui campagne présidentielle, indenté patriotique de presque tous les candidats comme l'héritage aveugle des théories nationalistes du borgne, toujours la montée au niveau d’un pays comme ce qu’il se passe pour l’individu, fais pas chier, touche pas à ma porte, chacun pour sa gueule, Sarko, le Pen et leur identité nationale, Ségolène et son drapeau pour rattraper tristement l’idéologie rétrograde,  et pas un mot des treize guignols candidats sur l’Europe, le mal est fait
mais le mal, n’est-ce pas aussi et surtout ces technocrates encravatés qui s’inquiètent du sort de l’huître et du camembert, qui avant même d’avoir solidifier les fondations laissent entrer l’est et ses lècheries américaines, l’argent a pris le dessus faute de citoyens et de vrais politiques, touche pas à ma banque, les rêves ont leur limite et croire en l’homme demeurera une utopie, alors on dresse de beaux podiums et tapis, on se réunit pour faire la fête, faute d’avoir réussi à faire l’unité, une bande de marionnettes dont les intérêts sont désormais affichés comme nationalistes si loin d’une construction commune
les fondateurs ne sont plus, les artisans encore vivants se taisent, terrassés devant tant d’oubli et de destruction, consternés, on va perdre notre culture si l’Europe émerge, fais gaffe y vont te piquer ta femme, les yeux béats des politiques qui servent le bénéfice plutôt que le social, et la masse soumise et sous influence qui suit connement le mouvement
bon anniversaire l’Europe, un quart de siècle, et juste une statue de verre aux stries égoïstes posées sur un socle branlant

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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 21:14

Corba de Lantar était femme de Raymond de Perella, seigneur du château. Ce soir là comme tous les autres, elle avait franchi les hauts remparts de pierre et venait rendre visite aux parfaits miséreux dont les huttes de bois accrochées à l’édifice faisaient face au vide. Au bas, les feux des campements des troupes de Hugues de Arcis faisaient comme d’étranges lucioles, prémonition au drame à venir. Combien étaient-ils depuis dix mois, chevaliers et soldats de fortune à patienter au pied du roc ?

En ces temps de pénitences, Rome ne supportait plus ces hommes de noir vêtus traversant les villages et ce courant mystique qui défiait l’assise des prélats au ventre rebondi. Le clergé acoquiné à la noblesse et cette richesse souterraine au détriment du peuple, les dérives d’une église si loin des textes laissaient au cœur des âmes l’impression d’une foi à la dérive.
C’est le 10 mars 1208 que le pape Innocent III va lancer la première croisade d’une armée chrétienne contre un peuple chrétien. Il faut anéantir ces hérétiques qui se revendiquent d’un dieu non conforme à celui du dogme. Le sanglant Simon de Montfort et le prêcheur Saint Dominique vont par l‘épée ou la force du verbe tenter de ramener ces brebis rebelles sous le giron de la domination. C’est le 22 juillet 1209 au pied des fortifications de Béziers, qu’Arnaud Amaury dira à l’un de ses chevaliers lui demandant comment distinguer l’hérétique du catholique : - Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens. Il y eu les jours suivant prés de 20 000 morts sous les décombres d’une ville détruite.
Corba retrouve sous l'ombre des murs, Pierre-Roger de Mirepoix son gendre et chef de la garnison. Presque 250 hommes, dévoués et habités mais si peu nombreux face à l’armée du roi qui patiemment attend la reddition de ces infidèles. Depuis mai 1243, les croisés avaient entamé ce qui sera le siège le plus long de cette guerre génocidaire, cette forteresse dressée à 1208m de hauteur et pratiquement inaccessible. Il faut anéantir le dernier bastion de l’hérésie.
Mais pourquoi cette violence, ces morts, ces destructions systématiques ? C’est un moine allemand qui en 1163 emploiera pour la première fois le mot Cathare (catharsis : pur) mais aussi en allemand ketter (hérétique).
La papauté a peur devant l’ampleur de cette idéologie qui s’étend comme une épidémie et est si bien accueillie du paysan au penseur. Mais que disent donc ceux que l’on nomme bons-hommes ou parfaits ? Ils parcourent les campagnes, débattent avec les prélats, se mettent au service des pauvres et créent des communautés d’entraide. Transmettre la connaissance. Pour eux pas de manichéisme, c’est l’église qui entretenant si bien cette notion de Satan finit par le servir. Les démons ont détruit l’œuvre de Jésus et la doctrine enseignée s’éloigne de l’originelle. Chez les parfaits, pas de croix, le rejet des institutions religieuses qui servent l’homme plus que la foi. Ne vivant que de dons, ils ne mangent pas de viande, refusent toute relations charnelles tout en niant la différence des sexes et font leurs dévotions chez qui veut bien les recevoir. Après trois années d’initiation dans une communauté, le postulant reçoit le baptême spirituel ou consolament. La cérémonie est simple, après une simple imposition des mains, on y lit et décrypte le notre père et le nouvel entrant promet de ne plus mentir et de suivre les règles enseignées. De là, devenu un parfait, il pourra porter les habits noirs du converti.

L’été 1243 fut dure pour les assiégés. Les citernes se vidaient et les pluies se faisaient rares. Aux contrebas du Pog on eut pu entendre Hugues de Arcis hurler à ses hommes : - nous détruirons Montségur et ses impies. Les 500 hommes terrés dans la citadelle tenaient bon. La nuit, parfois, quelques habitués chevronnés et connaissant les secrets de la roche parvenaient à amener nouvelles et nourritures. Et puis vint ce jour de novembre, aidés du renfort de troupe venue avec l’évêque d’Albi, les assiégeants parvinrent à grimper sur une étroite plate-forme située sur la crête orientale à quatre vingt mètres en contrebas du château. Ils y hissèrent madriers, poutres et pendant que les tailleurs de pierre façonnaient les boulets, ils construisirent leur machine. La barbacane de bois qui avançait sur la crête fut rapidement détruite par les bombardements mais l’accès au château restait impossible. L’après Noël fut pire encore, d’autres croisés avaient réussi à s’emparer de l’autre barbacane de la forteresse, des montagnards basques au péril de leur vie et sous les ordres sans pitié de Guillaume de Puylaurens étaient parvenus à gravir les précipices escarpés de la montagne et engagèrent le combat. Le souvenir de l’assassinat de l’inquisiteur Guillaume Arnaud à Avignonet était plus qu’offense.
Mais Montségur demeurait imprenable et tous ses accès impraticables. Le moral des assiégés fondait comme la neige aux prémices de ce printemps de tourments. Corba ne vit pas un soir son mari et Mirepoix, donner à Matheus et Pierre Bonnet, simples hérétiques, deux gros sacs contenant, or, argent et monnaie. Ceux-ci disparurent dans la nuit et certainement aidés de la complicité de quelques soldats du roi allèrent cacher le modeste trésor de l’utopie cathare désormais agonisante et mander d’éventuels soutiens.
Au dernier jour de février, Perella décida d’effectuer une sortie nocturne pour s’emparer de l'autre barbacane et d’en déloger les croisés. La tentative échoua et un grand nombre d’assiégés moururent ou se traînèrent blessés vers l’enceinte. Corba et toutes les femmes encore valides apaisèrent les souffrants pendant que les parfaits donnaient les derniers sacrements. L’ombre de la mort enserrait l’édifice. Le 1er mars 1244, les 6000 chevaliers et soldats qui depuis tant de mois levaient les yeux vers cet éperon de pierre insoumis et rebelle entendirent résonner du haut du château le son d’un cor. Les derniers cathares se rendaient. Perella et Mirepoix demandèrent une trêve de quinze jours, le château de Montségur sera rendu au roi et à l’église, les soldats et civils seraient libres et n’auraient que de légères pénitences après comparaison devant les inquisiteurs et les hérétiques et parfaits auraient la vie sauve s’ils abjuraient leur foi sinon ils seraient livrés au bûcher.
Deux semaines s’écoulèrent, les écrits de l’inquisition rapportent que les biens furent donnés aux laïcs et aux hommes d’armes, qu’une étrange et sereine communion humaine régnait au château et que certains demandèrent le consolament. Du haut des remparts on voyait tout en bas les soldats bâtir une grande palissade de bois arrosée de résine. L’avant soir avant l’échéance, Corba alla embrasser ses deux filles et son fils infirme, puis elle descendit la sente qui mène à la vallée et alla se livrer.
Au crépuscule du 16 mars, Hugues de Arcy et ses croisés entrèrent dans la citadelle. Les non croyants descendirent les premiers, puis les malades et blessés tirés comme de vulgaires fardeaux et enfin les parfaits et les fidèles. Lorsque les hérétiques sortirent du château, Mirepoix, réussit à en cacher trois, Amiel Aicart, Hugo Poitevin et un troisième anonyme, il les fit évader dans la nuit avec pour consigne de protéger le trésor caché dans la foret.

Au pied de la montagne au lieu dit : champs des Gramatchs, des pieux et des pals retiennent les innombrables bûches et fagots de bois déposés sur un lit de paille. Guillaume de Puylaurens écrivit :
- on les invita vainement à se convertir. Mais aucun ne le fit. Cette nuit là, 225 parfaits et hérétiques périrent dans les flammes. Une aube de cendres odorantes et de visages hagards donnait à l’église de Rome et au roi de France le reflet de l’horreur et de l’intolérance. Les derniers hérétiques fuirent le pays vers la Lombardie puis plus tard vers l’est. Pourchassés, torturés, l’idée s’efface, les cathares auront à l’opposé de ce qu’ils offraient, engendré la machine la plus abjecte possible, l’inquisition. Bientôt viendrait la Réforme, le catharisme laissait un dernier héritage.

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8 mars 2007 4 08 /03 /mars /2007 15:59

j’avais tout froid, ce soir
engoncé sous l’étoffe
les draps suintent cette rage lasse
et les nuits perlées à se tordre
frissonnant, titubant
dans ces rêves crevés
j’ai eu encore besoin de t’entendre
merci Lola


C’est solitaire
Un petit peu la guerre
On grandit mal mal mal
Et si on grandit
C’est qu’il fallait le faire
Pour avoir l’air normal mal mal
On passe des tas d’heures banales
A tutoyer le désert
Le ciel a l’air malade
De l’atmosphère
C’est solitaire
Un petit peu la guerre...
Et c’est même pas l’enfer
C’est juste les jours qui manquent d’air
Ca donne envie de faire taire
Cette personne quelle conne
Qui grandit mal mal
Mal anesthésiée locale
Ce matin comme hier
Ca y est
Tu obtempères
Et c’est l’emploi du temps
Accès à l’espace client
Des mots qui rendent sale sale sale
Et tomber sous le sens
S’allonger dans le silence
Grandir à l’envers de rien
C’est solitaire
Comme un plaisir délétère
J’finirai mal mal mal...
J’m’en tape pas mal mal mal...

Lola Lafon / Le bilan de compétence

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 15:27

- entrez, asseyez-vous, oui, parlez-moi d’elle, comment l’avez-vous rencontré ?
- je ne l’ai pas rencontré, elle a toujours été là, avant que d’être envie et découverte elle était comme cocon, toile qui palpite, d’amour et de possession, elle était source, bouclier et habitat, main qui caresse et apaise, souffle susurré, matrice de cœur, étouffements de tendre, c’est de ce reflet là que soudain est née une autre image, c’est là qu’elle m’est apparue de nouveau, autre et nécessaire
- bien, vous transcendez la mère, ensuite ?
- j’ai toujours eu peur d’aller vers elle, je la trouvais toujours belle, mes mains aveugles effleurent comme un vent cette laitance tendue, serpents coquins au versant de la cuisse, je rougis, je baisse les yeux et me laisse apprendre, oui je crois que c’est toujours elle qui m’a appris, le meilleur comme le pire, tiens je me souviens, le meilleur, on va jouer, allez celui qui gagne sera heureux, j’ai perdu et je la vois qui me regarde, on va partager le gain, aussi je me souviens encore, descente et tourbillons, meubles éventrés, elle était penchée, petit blazer gris, jupe droite et mon trouble destructeur qu’elle déchire en silence, l’air de rien et ma main dans la sienne
- vous parlez d’elle avec beaucoup de véhémence…
- attendez, je me souviens toujours, elle court sous l’orage, la pluie nous perce, l’herbe glacée pénètre nos émois et les confond en plaisir, je la vois encore, elle ramasse une feuille égarée, espiègle au manuscrit et se met à la lire, sa détresse lovée à mes mots et nos manteaux de solitude
- mais elle justement, comment vous percevait-elle ?
- je la pense, je la sais quelquefois se nourrir d’un fragment de moi, je la voudrais avide mais vite repue, je la panse parfois, l’infuse de mon fluide si tiède soit-il, osmose qui palpite, émotions parasites, j’entrevois, je désire, je survole et cherche à me poser, je tremble et je pleure aussi mais toujours avec elle, je la suppose se terrer parfois aux creux de mes ignorances et balbutiements, je ne puis être c’est sur que par elle
- et après, elle, jusqu’ou ?
- elle, toujours, elle, tatouée, organe dans l’organe, elle qui me porte, le pire  aussi, elle qui me regarde, acide, qui s’emporte des fois dans d’étranges orages, et puis qui me donne son crin et prolonge mon souffle aux fibres hérissées, je me souviens tellement, il en est de mon socle, de la brise qui efface, de ma main qui tâtonne et la cherche aux abyssales errances de ces nuits qui traînent et veulent en découdre, je l’aspire, lui mendie, l’écoute et lui cache parfois, je sais qu’elle sait, elle est là, tout prés, petite veilleuse si frêle et si ancrée
- mais qui est-elle vraiment ?
- elle est la veine hoquetante au tissu de ma peau, le ventre qui s’entrouvre aux larmes de la vie, le battement sourd d’un cœur qui mène à l’autre pas, l’abandon moite et suspendu des âmes apaisées,
elle est,…….l’amour

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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 22:30
ronge tes barreaux avec les dents
le soleil est là qui t'attend

si tu pouvais sourire encore
quand tes larmes seront séchées
les chagrins jouent avec les lois
et les lois jouent avec nos plaies
on aimerait te voir de retour
dans l'univers des survivants

ronge tes barreaux avec les dents
tes amis deviennent impatients


paroles / musique : thiéfaine
montage vidéo : nwardezir
voir aussi : noirs désirs

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5 février 2007 1 05 /02 /février /2007 09:18

parce que les mots ou les dessins n’ont jamais tué personne
parce que démocratie n’est pas culte
parce qu’on ne muselle pas l’expression quand elle refuse l’excès
parce qu’on ne confond pas la politique avec la foi
parce que les dogmes n’engagent que ceux qui le désirent
parce que la tolérance devrait honorer toutes idéologies
parce que dire et dénoncer c’est préserver l’humain
parce que l’unique croyance devrait être l’amour…


dessins de Cabu - Charlie Hebdo du 08/02/2006

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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 16:40

dewplayer:http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/15/86/22/nico---afraid.mp3&

elle est inclinée, un léger balancement fait craquer la chaise
elle écrit à son fils
des écharpes de brume engluent ses yeux, trop de liquide ou de prises peut-être dans cet hôtel perdu au néon qui balance sous les coups du vent, c’est une vie qui défile, là au tout début, les couvertures de Jardins des Modes, Jours de France, Elle,
il est le temps du cordon, de la succession aux année soixante, et pourtant, elle sait l’image accrochée à chaque mouvement de l’aiguille, elle s’appelle
Christa Päffgen, née en Allemagne en 1938 aux premières eaux de cette guerre qui allait accoucher l’horreur, elle va grandir sous les glorieuses, ces temps d’espoir et d’imagination, sa frimousse enjôleuse prélude au visage scarifié de l’âme d’une société qui se perd, Christa, poupée glacée, Chanel et tant d’autres lui laissent une poudre de succès, avant d’inspirer Andy elle était déjà star
elle écrit à son fils
elle lui dit ses larmes, ce destin comme un tourbillon,
Alain, quelqu’un que j’avais rencontré deux ans auparavant à l’île de Ischia ou il jouait son premier rôle principal dans Plein Soleil et ou moi même m’étais montrée deux ou trois semaines trop tard pour tenir le rôle principal féminin. Toujours est-il qu’à cette occasion nous nous étions rencontrés pour la première fois. Alors je l’ai appelé au téléphone et nous avons passé cette soirée à nous balader en Masérati et on s’est fait arrêter par les flics trois fois cette nuit là pour excès de vitesse, peut-être avait-on bu un peu beaucoup ce soir là au Blue Angel Club. Avant que la nuit ne finisse, nous sommes allés chez moi et Alain est resté jusqu’à ce que les heures du matin soient finies et nous nous sommes dit au revoir. C’est peut-être bref comme description et bref ce le fut, ensuite nous ne nous sommes jamais revus…
tu as changé de nom, je ne le savais pas et même pas celui de ton père, qu’elle est loin cette année 62 et les premiers balbutiements d’Ari, déjà le destin les sépare, Nico transporte sa solitude, ses amours passagères et son envie créatrice, de Paris à New York, de Londres à Bourg la Reine , et toutes ces rencontres, Brian Jones, Dylan, Fellini, Gainsbourg et encore tant d’autres, ce courant d’imprévisible et  de tâtonnement, dehors il fait froid, certainement, et puis le maître, Warhol, Morrissey et sa caméra , Chelsea girl, héroïne perdue et les paillettes de la Factory qui lui feront aimer Lou Reed et John Cale, Christa s’enflamme, commence à se brûler, le Velvet imprime sa banane
elle se balance et la chaise agonise
elle écrit à son fils
ce non père, Alain, et l’ombre de sa mère qui te recueille, ah oui le nom du non père, Delon,
et ces retrouvailles furtives, mimétisme naissant
égérie que Warhol ne dupliquera pas, l’usine a ses équivoques, comme elle, et puis, elle rencontre Philippe Garrel, derrière son objectif de fortune et dans ses affres lyriques, il la transcende, la fait déesse mais Nico sent déjà son chemin, un harmonium, des mots, un fixe,  Cale lui tient la main, son compagnon Garrel signe le film de sa vie, univers onirique, la nudité du désert et la bave volcanique bref les rivages de l’âme humaine et il faut bien parler de cette voix monocorde, de ces accords répétitifs aux relents nostalgiques et lancinants
il est le temps du cordon, de la succession aux année soixante dix,  elle ne voit plus l’image
il y a l’héroïne de Lou Reed et puis Nico,
ils veulent ton visage pour un magazine
ils veulent ma voix pour leurs craintes
je veux que les nouvelles du monde soient
une vérité autre en d’autres larmes
quelle blague un beau cadre
consumé en une simple flamme

elle écrit à son fils
la route, des palaces aux chambres de fortune, dans son sillage, un univers de rencontres et de souvenirs, Jim le lézard, Iggy l’iguane, et Gainsbourg épris d’amitié pour le petit Ari, et puis tant d’autres, la poudre lui dresse le frisson, l’entraîne encore vers la blessure et le carnet de poèmes sous la veste de cuir et si petites ses pupilles, Christa arpente les rues, des brumes blafardes londoniennes aux cafés parisiens, elle sillonne l’Europe, investie et marginale, des cathédrales aux MJC, toujours son harmonium, une basse, une batterie, oui, la cicatrice intérieure comme le film de Philippe, l’enfant grandit, des genoux de Warhol il est errant désormais, toujours pas de père, Nico squatte les rares amis au fil de ses tournées, le mot, le chant et puis l’après,
il est le temps du cordon, et des années quatre vingt

elle sursaute, la chaise se fendille
elle écrit à son fils
ces moments arrachés, va chercher s’il te plait, il faut survivre, tous les deux réunis, réfugiés de cœur et puis octobre 87, dans les veines du fils les aguilles de la survie, partir,
Aujourd’hui est mon troisième jour ici et dans quelque instants je pars voir mon petit Ari à l’hôpital. Les soirs quand je rentre à l’appartement je me sens très optimiste mais triste de ne pas être avec toi, dans deux semaines tu pourras marcher à nouveau comme une personne vivante. Pour l’instant tu marches comme un robot somnambule, combinaison insolite. Mais ta mémoire est en grande forme car tu me dis que je ne cesse de me répéter, ce qui, à la vérité n’arrive pas souvent. Mon intention, mes bonnes intentions d’aller voir Alain sont quelques peu difficiles à réaliser, tenter d’entrer dans le mode de vie d’un étranger… 
la mère et le fils 
se retrouvent encore, et cette voix gutturale presque, aux confins des tourments et de l’apaisement, Nico laisse ses écharpes de rêve au tissu des façades et des peaux, c’est en Allemagne ou elle gît désormais qu’elle donnera son dernier concert, Ari l’attend sous ce soleil si loin des limbes underground et des spasmes existentiels, un juillet 88 et puis, elle, chancelante sous ce chemin de soleil…
Mon esprit s’appelle Christa. Ma vie est Nico. Christa a fait Nico et maintenant elle est lasse d’elle même. Nico est allée au sommet de la vie et au fond. Ces deux lieux sont vides. Mais Nico ne veut pas non plus se trouver au milieu ou les gens se tournent le dos. Pour éviter ces lieux de malheur mieux vaut être nulle part et dériver. Telle est la conclusion à laquelle je suis arrivée.

musique :
- afraid / desertshore / Nico / 1970
photos :
- chelsea girl / Warhol – Morrissey / 1966
- chelsea girl / Nico / 1968
textes en gras :
- Nico / Cible mouvante / Pauvert
à lire :
- Nico / Cible mouvante / Pauvert
- Ari / L'amour n'oublie jamais / Pauvert
site :
Nico

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30 janvier 2007 2 30 /01 /janvier /2007 21:10

d’ou me venait ce trouble, cette fascination juvénile ?

elle n’avait pas cette démarche chevaline, déhanchements anorexique et bouche figée
non, le pas est souple tout emprunt de grâce, l’ondulation transcende les courbes sous l’étoffe et l’œil pétillant nimbe d’aura cette silhouette vaporeuse
derrière le rideau l’émotion du couturier, subjugué devant tant de beauté
oui de beauté
là, juste sous l’œil gauche, ce grain d’étoile que les modistes s’efforcent d’effacer, formater ce qui n’en a nul besoin bien au contraire et puis l’échancrure, la vague suggérée, tiédeur de velours, chemin de gorge au pôle du désir, le corps et le regard exultent
elle est belle, oui belle 

avec une simple bicyclette elle va nous emmener ailleurs, nous offrir l’autre beauté, celle d’un cœur pur, d’un talent qui va naître sans pudeur sous nos yeux et s’affirmer dans la diversité et l’émotion, une âme forte et toujours cette timidité naïve, cette aspiration d’apprendre dans la modestie et l’humilité, elle dansera pour un gaulois, sera prostituée triste, femme abandonnée pleine d’errances, locataire révoltée et puis elle sera ondine

les planches résonnent de son jeu, le texte jaillit et couvre la salle, elle s’emporte, une enfant de tendresse qui envoute et séduit et nous laisse pantelant au rideau refermé
on a dit ses formes trop généreuses, elles ne sont que reflets de ce qui l’habite

ce trouble, oui je me souviens désormais, peut-être le filigrane d’un amour enfoui, certainement ou juste l’aspiration déifiée d’un rêve masculin…

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23 janvier 2007 2 23 /01 /janvier /2007 21:22
dehors, pas de foule, de queue anonyme, émue et souffrante
non juste des limousines noires qui jettent quelques minutes, un homme, un femme, tous partis politique confondus, masques hypocrites d’émotions contenues bien tournés vers l’angle caméra, l’hommage à l’homme ne dure que trois jours et cette première journée n’est pas ouverte à ceux du peuple qui pleurent une personnalité unique, exemple sur bien des engagements, non, viennent aujourd’hui ceux du pouvoir, ceux qu’il a toujours voulu sensibiliser et qu’il a du combattre
au milieu de la pièce, un cercueil, une chaise, ils ont osé y poser la légion d’honneur qu’il a toujours refusé, blasphème, ils sont ministres sans mémoire, enflés de déréalité, combien de respect et d’action aux dépourvus dans votre ville monsieur, vous  préférez payer, pas de pauvres dans mes rues,
le corps du désormais immobile, c’est celui d’un humaniste, d’un prêtre, d’un révolté juste, exhorté d’amour, et c’est aussi nous, au renvoi du miroir ou son reflet s’est tu,
et là, les encravatés sourds depuis plus de cinquante ans qui se singent, tellement rien et ignares du message offert, pitoyables de paraître sans même une éthique d’eux même
et puis le silence de l’église, il était abbé, mutisme aux relents d’inquisition, on torture plus mais on condamne toujours, monsieur le pape, vous ne dites rien de cet homme de foi et de son œuvre, oui c’est vrai, j’oubliais, il disait le mariage des prêtres, le port du préservatif et l’ordination des femmes, il a même connu la chair, c’est vrai que pendant qu’il cachait des juifs, vous donniez vos idéaux au service du nazisme, c’est vrai que lorsqu’il couchait dehors vous retrouviez vos draps de soie, engoncé dans votre mutisme vous souillez l’idée même de ce que vous revendiquez
il y aura foule demain, après demain, celle du cœur et du vivre et après il y aura silence, mais hélas, tous autant que vous êtes, il y aura de par nos actes et les vôtres toujours ce qu’il a refusé, l’exploitation de l’homme par l’homme, cette béance d’amour, avide, asséchée
sur sa tombe juste ces mots : il a essayé d’aimer
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voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

city.jpg

viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

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viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

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viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

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...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...