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diaphane express

12 mars 2006 7 12 /03 /mars /2006 14:14

c’est aujourd’hui la grande journée de l’hypocrisie, celle ou l’on offre des fleurs dans les assemblées ou l’on affiche des visages sur les grilles des parlements ou l’on fait (encore !) de belles promesses

même les plus machos y vont de leurs discours mensongers et populistes

aujourd’hui c’est la journée de la femme 

dans ce marasme ambiant aux relents de misère et de fric ou la femme est voilée, brûlée, soumise, exploitée me vient le souvenir d’une grande combattante, bien loin d’être pute ou soumise bien loin d’être chienne de garde, non juste humaine, dressée sur les barricades ou croupissante dans une geôle calédonienne

cette femme qui refusant déjà la pensée unique créa ses propres écoles, fût toujours proche des déshérités et porte-parole du monde ouvrier et de la justice

laïque, indépendante et bien qu’on l’affublât d’anarchiste ou de communiste elle n’adhéra toute sa vie qu’à sa propre conscience

cette femme s’appelait Louise Michel

prenez le temps de lire cet extrait de « l’Ere nouvelle » publié en 1887 et tellement d’actualité

Ainsi souffle la brise matinière à la vermeille aurore du Monde nouveau.
Les religions et les États sont encore là, devant nos yeux, mais les cadavres n'ont-ils pas gardé l'apparence humaine quand on les ensevelit pour les confier à la terre ?
La pâleur, la rigidité des morts, l'odeur de la décomposition, n'indiquent-elles pas que tout est fini pour l'être qui a cessé de vivre ?
Cette pâleur, cette décomposition, la vieille société les a déjà dans les affres de son agonie.

Soyez tranquille, elle va finir.
Elle se meurt la vieille ogresse qui boit le sang humain depuis les commencements pour faire durer son existence maudite.
Ses provocations, ses cruautés incessantes, ses complots usés, tout cela n'y fera rien ; c'est l'hiver séculaire, il faut que ce monde maudit s'en aille : voici le printemps où la race humaine préparera le nid de ses petits, plus malheureux jusqu'à présent que ceux des bêtes.
Il faut bien qu'il meure ce vieux monde, puisque nul n'y est plus en sûreté, puisque l'instinct de conservation de la race s'éveille, et que chacun, pris d'inquiétude et ne respirant plus dans la ruine pestilentielle, jette un regard désespéré vers l'horizon.
On a brûlé les étapes ; hier encore, beaucoup croyaient tout cela solide ; aujourd'hui, personne autre que des dupes ou des fripons ne nie l'évidence des faits. -- La Révolution s'impose. L'intérêt de tous exige la fin du parasitisme.
Quand un essaim d'abeilles, pillé par les frelons, n'a plus de miel dans sa ruche, il fait une guerre à mort aux bandits avant de recommencer le travail.
Nous, nous parlementons avec les frelons humains, leur demandant humblement de laisser un peu de miel au fond de l'alvéole, afin que la ruche puisse recommencer à se remplir pour eux.
Les animaux s'unissent contre le danger commun ; les bœufs sauvages s'en vont par bandes chercher des pâtures plus fertiles : ensemble, ils font tête aux loups.
Les hommes, seuls, ne s'uniraient pas pour traverser l'époque terrible où nous sommes ! Serions-nous moins intelligents que la bête ?
Que fera-t-on des milliers et des milliers de travailleurs qui s'en vont affamés par les pays noirs dont ils ont déjà tiré tant de richesses pour leurs exploiteurs ?

La société humaine n'en a plus pour longtemps de ces guerres qui ne servent qu'à ses ennemis, ses maîtres : nul ne peut empêcher le soleil de demain de succéder à notre nuit.
Aujourd'hui nul homme ne peut vivre autrement que comme l'oiseau sur la branche, c'est-à-dire guetté par le chat ou le chasseur.
Les États eux-mêmes ont l'épée de Damoclès suspendue sur leur tête : la dette les ronge et l'emprunt qui les fait vivre s'use comme le reste.

La révolte ! c'est le soulèvement des consciences, c'est l'indignation, c'est la revendication des droits violés... Qui donc se révolte sans être lésé ?
Plus on aura pesé sur les misérables, plus la révolte sera terrible ; plus ceux qui gouvernent commettront de crimes, plus on verra clair enfin, et plus implacablement on fera justice...

Si l'amour de l'humanité est impuissant à faire sonner l'heure libératrice à l'Horloge fraternitaire -- heure où le crime n'aura plus de place -- l'indignation s'en chargera.

 

féministe avant l’heure, éclairée d’une utopie humanitaire inébranlable, elle refusera les discriminations, cette justice au service des pouvoirs, elle cherchera aussi sur le terrain de la psychiatrie avec toujours au cœur le besoin de transmettre et la notion d’égalité pour tous

déportée en Nouvelle Calédonie, elle dénoncera le colonialisme et se fera à nouveau enseignante auprès des indigènes

Verlaine la nommera « la presque Jeanne d’Arc » et Victor Hugo sera à ses cotés dans nombre de luttes

Louise, l’écorchée, la juste, qui répondra au Président du tribunal lors de son procès en 1871 :

« Si vous n'êtes pas des lâches, tuez-moi ! » 

Louise si tu pouvais revenir…  

"Ce n'est pas une miette de pain, c'est la moisson du monde entier qu'il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploité."

"La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)

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12 mars 2006 7 12 /03 /mars /2006 00:18

s’asseoir, regarder le ciel

se laisser prendre d’une conscience universelle

se vouloir unité humaine nourrie de toutes diversités

élever le spirituel, individuel et communautaire

absoudre le lourd testament des politiques et des religions

devenir citoyen du monde

être libre, en mouvement avec la connaissance

ouvert à toute évolution qui serve l’homme 

 

le 28 février 1968, quelque part en plein désert au sud-est de l’inde plus de 5000 personnes sont rassemblées autour d’une étrange urne de marbre en forme de lotus et là sous les yeux de la Mère, les représentants de 124 nations vont déposer un peu de terre rapportée de leurs pays

le ville de l’aurore vient de naître

la Mère en est l’essence première

Mira Alfassa qu’Auroville appellera la Mère est née à Paris, grande voyageuse elle s’établira en Inde et deviendra disciple de Sri Aurobindo philosophe et homme politique dont elle créa par la suite un ashram à son nom

Mira rêve, elle veut créer une ville laboratoire ouverte au progrès mais aussi à l’individu, une ville de paix, de concorde, d’expressions artistiques, de liberté au dessus de toutes croyances, de toutes politiques et de toutes nationalités

en 1963 elle fait appel à un architecte français, Roger Anger pour lui modéliser ce que sera la cité de l’aurore puis viendra la recherche d’aides et d’autorisations diverses 

 

ce 28 février, la Mère est debout devant la foule et elle délivre le message et la charte d’Auroville :

Salut d’Auroville à tous les hommes de bonne volonté. Sont conviés ici ceux qui ont soif de progrès et aspirent à une vie plus haute et plus vraie. 

Voici la charte de la ville :

1 – Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l’humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville il faut être le serviteur volontaire de la conscience Divine.

2 – Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant et d’une jeunesse qui ne vieillit point.

3 – Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures.

4 – Auroville sera le lieu de recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.

 

là dans ce désert rouge accablé de chaleur, la ville-cellule, la ville-galaxie va grandir

sur une idée première de cercles concentriques, l’urbanisme va la façonner en spirales

la Mère s'est inspirée, comme modèle, du symbole représentant la puissance créatrice du Divin à l’œuvre dans la matière

 

 

 

le noyau de la cité s’appelle le Matrimandir, énorme sphère couverte de pétales dorées ou se trouve la chambre de méditation, grande salle de marbre blanc avec en son centre un lotus d’ou émerge une flamme symbolisant le pouvoir illuminateur de la conscience de Vérité

une zone de silence assez vaste, appelée le Parc de l'Unité, composé de douze jardins prolonge l'emplacement du sanctuaire

et la ville s’étale, elle va se fondre en quatre zones :

- la zone industrielle, petites fabriques, artisanats divers, ateliers de recherche, complexe agricole, la production doit se faire selon les besoins de la collectivité, la concurrence est proscrite et aucun droit n’est accordé au profit et à la surproduction

- la zone résidentielle devenue un melting-pot architectural ou l’on croise toutes sortes de constructions, de la hutte de paille traditionnelle aux villas écologiques et à la pointe du recyclage, ici règne l’imagination tant sur la conception que sur le matériau

- la zone culturelle, qui se voudrait aux travers diverses académies, reflet de l’innovation scientifique et artistique complétée d’installations sportives

ici artistes et chercheurs ne doivent pas tendre aux avantages personnels ni subir de contraintes extérieures économiques ou politiques juste servir la communauté humaine

- la zone internationale, offrant via de nombreux pavillons la diversité de tous les pays, culturelle, linguistique, intellectuelle, traditionnelle

et puis comme pour ceinturer, protéger ce paradis utopique, cette vision sublime du genre humain, Auroville s’entoure d’une immense couronne de verdure, des milliers d’arbres ont été planté, la terre se verdit, la faune revient, l’écosystème renaît

 

Auroville traverse le temps

en 1966 la Mère obtient le soutien de l’UNESCO et l’aval du gouvernement indien sur son statut d’autonomie, l’Union Européenne y contribue depuis plusieurs années, en 1999 Auroville est encore un village avec environ 1600 habitants, plus de 35 nationalités y demeurent, de nos jours, spéculations foncières apparaissent, 3000 touristes par jour et puis ce besoin sous-jacent et peut-être obligatoire d’une unité centrale, d’un « gouvernement »,

Auroville fait venir chaque jour en son sein 5000 Tamouls, paysans pauvres et en guerre pour leur reconnaissance, Auroville se construit, se dévoile

- Mère, tu n’es plus là, as-tu réussi ton rêve échevelé d’un monde d’amour et d’éveil, de bienfaisance et de sagesse ?

Auroville, ses piscines éclairées, ses cantines, son business, ses bougies et son encens

ou est donc « l’Etre Supramental » de Sri Aurobindo, le serviteur volontaire de la conscience que Mère désirait ? Auroville n’est pas morte, elle tâtonne, elle doit veiller à qui veut la prendre, elle doit rester espoir

 

 

s’asseoir, regarder le ciel

devenir citoyen du monde

se laisser prendre d’une conscience universelle

se vouloir unité humaine nourrie de toutes diversités

je pense à Myra la femme

qu’ils ont voulu déifier

jusqu’à l’emmurer, l’empoisonner pour en faire leur symbole

Mère mourut en 1973.

Auroville lui réserva des funérailles de Déesse

la ville de l'aurore

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11 mars 2006 6 11 /03 /mars /2006 21:19

(*)

 

il s'achève, il me recoud,

ce filet de sang sur le drap, notre pourpre,

je te vois, enfin

mon mien

et mon autre

oui, laisse moi te toucher

me vider et t'offrir

sens ma peau

tu la sais du dessous

et là tu la bois

mon fardeau d'amour

mon cri moite

tes doigts, prémices diaphanes

mon ventre mou

tous ces yeux faux-semblants

qui te regardent, te comparent

ce spasme douloureux, notre souffle conjoint

ton cri et le mien

le blanc des murs et des blouses

ton cri encore

je t'embrasse, je te lèche

substances communes et partagées

mon fragment, mon tout

je t'aime désormais

(*) je dédie ce texte à toutes les femmes qui ont ou ne peuvent l'enfant

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11 mars 2006 6 11 /03 /mars /2006 17:44

la Sorbonne, samedi 11 mars, 3h45

300 étudiants,

ils occupent la fac, ils refusent le CPE (Contrat Précaire Economique, non pardon Contrat Première Embauche), décision prise sans aucune concertation, discriminatoire, facteur d’incertitude, vectrice d’intérêts financiers et de paupérisation  

200 CRS

matraques, gaz lacrymaux, portes et bureaux défoncés, étouffer le refus dans l’œuf , réprimer et faire taire contre toutes écoutes populaires et politiques (remarque au moins les CRS auront mis leurs pieds dans une FAC faute d’y avoir étudié), 

surtout ne pas voir ressurgir l’écho d’un printemps de révolte, pourtant celui là avait certainement bien moins de raisons d’être que cette déliquescence actuelle qui mériterait peut-être de sortir de son narcissique ego pour se rappeler à l’homme et aux sources de ses valeurs

2007, le trou ?
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10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 15:20

la page est blanche

trop d’afflux de mots, d’idées

ou vais-je sombrer ?

dans mes rêves

avec des mots bleus

des pétales perdus et colorés

décrochés au gynécée de l’espoir

d’un homme plus pur

embryon d’humain

brindilles tordues et mouvantes

au vent de l’aube

ou vais-je vivre ?

sous les cris affamés

coulées de sang sur la steppe

fumées rougeâtres

au bout des canons

discours sordides

aux regards des souffrances

silhouettes tordues, spasmes de victime

au pas de ma porte

ou vais-je ?

dans ce marais de brume

sans soleil

et mains qui se touchent et se serrent

au ventre de la terre

au profond des larmes

du souffle manquant

et du regard brouillé

la page est blanche

je tente un pas, un mot

je fais comme on devrait faire

je dépose doucement

le nucléique nécessaire

le devoir imposé

la goutte à la source

ou allons-nous ?

aux éclats de vacarme

aux sourires hypocrites

aux paroles caressantes

aux pupilles dilatées

de promesses, de dérives mégalomanes

de nécessité de croire

dans cette jungle disloquée

sans soleil

des cœurs qui ne se cherchent plus

plus d’attente aux quais de gare

plus de peaux qui frémissent

aux premiers contact

la page est blanche

manque de mots, d’illusions

ou irons-nous ?

aux confins de rêves en écharpe

méandres salés

au goût de vent

loin du sable et du marbre

prémices d’horizon

à peine entrevu

boire encore

le miel et l’absinthe

esquisser encore

l’aquarelle d’un sourire

tendre son cœur au soleil

et crayonner sur les âmes

le souvenir de l’humain
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10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 13:36

j'ai vu, je vois

j'sais pas pour toi

mais c'est bien notre histoire

 

 

 

 

 

(extrait du mensuel "Actuel - 1969)

 

 

VOUS FAITES

PARTIE

OU BIEN

DE LA SOLUTION

OU BIEN

DU PROBLEME 

(Adbusters - casseurs de pub / Vancouver / 2001)

t'as vu, on voit

j'sais pas pour toi

j'me sens être moins

 

 

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9 mars 2006 4 09 /03 /mars /2006 21:57

je me parle ?

ou est-ce toi qui m’entends ?

  

le drap est moite

le silence comme un cri

la douleur fait se tordre

la silhouette blanche qui se penche

et m’allaite, me distille

la substance apaisante

je t’entends

je te porte, ta présence

comme conscience et chemin

tu me dis,

sois et aime

particule nécessaire et l’univers

le drap est moite

corps convulsés, frissons et pupilles

tes mains, tes yeux

tes courbes

toujours à explorer

du creux de ton antre

à la pointe de mon ciel

le cri en écho

je t’entends

tu me dis

sois humain

le drap est moite

relents d’urine dans les couloirs

branches frissonnantes

au travers le carreau

la silhouette noire qui se penche

comme autre marche

vers le certain

la fièvre et le pressenti

tu me dis

sois…

tu me dis quoi ?

 

je me parle ?

ou est-ce toi qui m’écoutes ?
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8 mars 2006 3 08 /03 /mars /2006 22:15

- eh mec, tu crains avec ton rott !

va, continue, petite bête,

habillée d’automne, aux poils débordants

le museau qui analyse l’asphalte du trottoir

qui est si loin des senteurs douteuses

du moqueur de l’autre coté de la rue

et puis le regard du type étonné

de me voir avec mon sopalin

ramasser la crotte, minuscule

et le cul tortillé de l’animal épanoui

- eh t’as vu la terreur !

quarante sur vingt cinq

vif comme l’éclair

douce comme le réconfort

face maligne et pile désuet

inconsciente et câline

un monde

l’odeur de ton poil, tes habitudes canines

et puis nous

ta truffe alertée, qui hume, qui détecte

le fond de tes yeux, avide et donneur,

et nos témoignages

toi si petite

tu me piétines, te frottes, me nargues, me séduis

le coussin pour t’ébrouer

le fond du canapé pour dessiner ton contentement

les limites de ton territoire

dans des secousses libérées

oui nous

et l’humain

au travers une petite boule de poils

fragile, et tellement complice

sentir le poids du silence, la larme qu’on essuie

- bonjour, excusez-moi,

le halot du réverbère renvoie l’ombre d’un grand chien

on traverse, je te sais curieuse et impulsive

arrogante parfois

c’est toujours la loi du plus fort

tes pattes survolent le sol

verrais-tu le danger si je n’étais pas là ?

les différences c’est aussi chez la faune

- elle est mignonne, comment elle s’appelle ?

elle s’appelle Virgule

c’est une bâtarde, une métisse

et vous savez pas les instants cachés

nos jeux, nos protocoles, nos défis

nos tendresses, nos apprivoisements

nos manques et besoins

nocturne

je sens cette haleine fuyante

la trace laissée de cette langue furtive

la chaleur animale

moi si démesuré qui te porte en mes mains

tes aboiements timides qui me font sourire

cette vivacité reptile, ce langage mimétique

cette présence

- allez on rentre, viens Virgule !

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24 février 2006 5 24 /02 /février /2006 09:02

debout, les mains dans le vide

regarder les ruines, les lambeaux, les fragments que les flammes et fumées dévoreuses ont bien voulu nous laisser,

emmenés les traces, les œuvres créées, les images et le toucher, enlevés une nuit d’apocalypse de feu et d’eau, dans les halots des projecteurs et lances, l’âme et le bâti en volutes insoutenables

deux êtres partis déjà et leurs laissés non récoltés à temps maintenant en boue grise et puante

toutes ces déchirures agonisantes qui jonchent le sol

ces actes d’amour et de patience, de tourmentes et de rires

une neige fondue s’invite à ce banquet du diable, trop tard pour cacher ces débris éventrés vomissant de vapeur, peut-être les larmes du ciel, édredon sur destruction

et le lendemain, crachin verglacé

morceaux de papier qui volettent

meubles épars, fracassés

alors dans ce désert de souffrances, morcelé, anéanti

les pieds dans l’eau

j’erre, larmes figées de froid

ou êtes-vous mes aimés, mes créateurs ?

toi, ouvrier inventeur, cadre marginal qui ne joue pas le jeu

qui vole dans les airs, qui construit

et toi, écrivaine tellement imprégnée d’utopie

que le réel t’es trop dur, le cœur à fleur de peau

je porte, je ramasse, je sauve

de ce cloaque morne et accablant

à ce moment les idéaux, les théories, les concepts sont bien loin

il ne reste que l’être

face à lui même

ces relents nauséabonds de feu mouillé

ces pas qui piétinent les existences

des souvenirs naissants

et le froid de l’absence

c’est quand les yeux terrassés de sommeil peinent à se fermer quand les mains serrent l’oreiller faute de peau que la nuit est la nuit, c’est là que le poids du manque, du vécu prend sa valeur, ces dîners sous le feuillage, ces noëls émerveillés, ces blessures soignées

debout, les mains qui suintent de noir

les yeux tellement rouges si loin du bleu offert

vous comme jamais

même si ce jour toutes traces de votre présence se sont estompées

murs béants, poutres de suie, squelette rongé

les âmes déjà se faufilent au travers ces vestiges désormais éteints

envie de se coucher sur ce sol détrempé

au milieu des gravats

faire corps avec la terre, l’eau, le feu

admettre le tout

admettre que désormais

ne reste que la part du cœur, du souvenir

au milieu du magma quelques cahiers parcheminés, quelques outils

cendres et neiges qui se confondent

aube noire

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16 février 2006 4 16 /02 /février /2006 20:56

ma belle

mon errance douce

toute en courbes

en voyages frémissants

en spasmes intérieurs

et si lumineux

mon onde mouvante

ton corps

tellement, tellement

ma perte

mon éclat, mon tout

donne encore

viens sur moi

fais moi l’amour

pendant qu’il en est temps

j’ai des cris

dans le ventre

tu partiras

je le sais

tous on part

c’est le temps qui décide

viens encore

enserres moi

c’est toi qui me porte

tous ces voyages

rochers, déchirés de vents

bouches humides sous la couette

les murs ton image

et là

tout ce blanc

ton vide

nous deux toujours

mais autre

ma belle

nous sommes tous

en errance

il y a d’autres temps

d’autres voyages

et les marques du souvenir

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voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

city.jpg

viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

thailande.jpg

viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

sagesse.jpg

viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

auroville.jpg

...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...