"il est ou le verbe être
quand tu n'as pas d'avoir"
Marc Jolivet
diaphane
bienvenue dans ce no man's land
ce transit de la vie vers le coeur
50 ans
et ce petit cadeau
quand l'image appuie le mot
voyages, rêveries, musiques
"il est ou le verbe être
quand tu n'as pas d'avoir"
Marc Jolivet
allez ma plume, relève toi de cette page terne,
tu sais bien que ça bouillonne au-dedans,
viens piquer mon cœur,
viens le réveiller de cette léthargie pré mortelle,
tu sais,
tous ces rêves au demi levant qui finissent par se suivre
mais ou veulent-ils m’emmener ?
on dit coucher sur le papier,
ces mots placébo
et ta dextérité sournoise à tisser ces méandres noirâtres
pour en bâtir des notes, des phrases, des idées,
la feuille tremble à ces tatouages,
ma plume, bouscule moi, fais lumière à mes vivres,
réveille ma soumission béate,
mon engoncement autiste,
viens relier ce fil ténu du mutisme au testament,
verbal et illusoire
il se fait tard,
alors,
des pas sur d’autres,
aux lymphes asséchées,
sur la pierre,
des brumes musiciennes,
doigts de nuit,
écorces litaniques,
et ce vent
Sur la peau du présent
Sur les souffles susurrés
Sur l’humide de l’iris
Et des larmes perlées
J’écris ton nom
Sur le tableau des élèves
Sur le sang des profs
Sur ces trottoirs d’uniformes
J’écris ton nom
Sur l’égout émaillé
Sur nos fleuves de bave
Sur nos relents biberonnés
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur la fissure de pierre
Sur l’écorce écorchée
Sur l’écaille cramoisie
J’écris ton nom
Sur le bord des paupières
Sur le frisson des nuques
Sur le tréfonds des âmes
Et nos battements de glaise
J’écris ton nom
Sur l’enveloppe glissée
Sur espoirs et intérêts
Sur d’autres frontières
Qu’on voudrait effondrées
J’écris ton nom
Et qui m’empêchera de dire
Quand le tout devient pire
Qu’il nous reste un recours
C’est sur c’est de l’amour
Sur le marbre ou la cendre
Sur la pupille qui luit
Sur la fenêtre ouverte
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur l’affût du canon
Sur la bombe signée
Sur les certains d’orgueil
J’écris ton nom
Sur les murs de pisse
Sur les cris étouffés
Sur les aveux vomis
J’écris ton nom
Sur la note entrevue
Sur les refrains avortés
Sur les chants fusillés
J’écris ton nom
Sur les draps de fièvre
Sur les murs blancs d’échos
Sur les soubresauts
J’écris ton nom
Sur les jambes offertes
Sur les frissons de hanches
Sur les baisers de nuques
Et toutes ces perles chaudes
J’écris ton nom
Sur les égos d’arguments
Sur les caresses muettes
Sur les miroirs esclaves
J’écris ton nom
Sur la touche du clavier
Et sur le puits de l’âme
Sur les perles de sel
qui tatouent les rides
J’écris ton nom
Sur les cris de couloir
Sur les blancs pourpres
Sur les blouses inertes
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
merci Paul pour les mots, la beauté lucide et l’espoir
et pardon pour l'influence
les écrits italiques sont de : Paul Eluard
in Poésies et vérités 1942
Ed. de Minuit, 1942
le poème d’origine, ben là juste en dessous
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Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Dur miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
in Poésies et vérités 1942
Ed. de Minuit, 1942
j’ai erré si longtemps
insatiable, curieux,
voyeur et gourmand,
j’ai bu tes perles d’effroi,
dermiques et secouées,
l’écho de nos râles
en mémoire tatouée,
saignée béate,
exacerbée,
j’y recueille l’émoi
les moi
je me suis perdu brièvement,
absout d’angoisse,
avide et innocent,
j’ai mangé tes laves organiques,
souffle osmotique,
colostrum d’amour,
bras en croix,
membre raidi,
annihilé,
lavé d’émoi
des moi
j’ai rêvé hors du temps
romantique et désuet,
témoin coupable, condamné,
affamé et lucide
j’ai vomi le furtif
illusions avortées
ta peau comme souvenir
en socle de survie
terrassé
nimbé d’émoi
c’est moi
paroles et musique : Mama Béa Tékielski - la fenêtre
s'il vous plait, prenez le temps,
écoutez...
tu sais
il gronde ici
tellement d’insupportable,
cette dérive lente et sournoise
qui vise à tuer le rêve,
l’aveu et le sourire,
tu viens m’embêter
te pose à mon clavier
dis-moi ou vont tes yeux
le mot chancelle
l’idée s’évapore,
vapeur de chandelle,
tu es belle
et fait clore l’écrit
avant que d’être encré,
au papier frémissant
ta muette m’attire,
tes jambes félines
tu sais
il pleure ici
tellement de désespérance,
ce soumis obéissant et silence
qui scelle et fait allégeance,
l’ignorance et l’inerte
t’arrive trop tard
frapper aux égoïsmes,
dis-moi ou vont tes mains...
... et ton cœur
ma douce, mon ultime,
des ressacs d’incommode et de miel,
les marches des aubes ont sculptés notre quotidien,
d’amour,
de croire et de temps
celui-là même qui martèle,
métronome à rides,
bisous de ciment,
poussières d'embrasses,
si intenses qu’éphémères,
l’écho lourd de l’enclume,
battements sourds aux affres du cœur,
ces ignorances au bout des caresses
à ces peaux frissonnantes,
et avides,
ma belle, mon unique,
des brassées d’envies et de peur,
des échelles de crépuscules veulent dessiner l’avenir,
de l’amour,
du croire et du temps,
celui-là même qui tatoue les différences
et ronge l’édifice,
souffles ternis et hypocrites,
brises d’haleine
à des matins réchauffés,
encore se toucher et chercher à se perdre
s’aimer peut-être, c’est sur,
si transis
au travers nos murailles d’éphémères,
ma tendre, ma dédiée,
un peu d’écume
à nos baves torturées,
la terre sait germer sans labours obligés
et onguents immoraux,
balbutiements cristallins,
laisse moi poser à ta bouche à tes pieds
mes frissons tremblants,
demain les spasmes du vent
porteront les pollens,
et nos mains tâtonnantes,
tituberont l’avenir
et l'amour…
je te salue
une fois encore
ton lit trouble frémissant
nos retrouvailles d’ombre
tes brillances verdâtres
en clin d’œil
je tend ma main
invisible caresse
à ta peau liquide
je sais l’humus gonflé
de tes veines argentées
des pianos de feuilles
t’accompagnent,
ces jupes qui s’ouvrent
au crépuscule de bal
c’est le temps qui me penche
qui me courbe
qui me fait chercher ton reflet
fouiller la vase
renaître ces fils brisés
ces filets de sueurs
qui font les nuits torture
je te cherche
encore, toujours,
ton sein nourricier
ton entrejambe ouvert
mon oubli à ton ventre
l’onde se teinte
porte les chuchotements
les mains ressac
qui apaisent et façonnent
et plus loin aux rebords des douleurs
ou du plaisir
ces doigts cris
qui provoquent et tâtonnent
la berge me charme
je la sais attendre mon pied glissant
bisous de clapotis
paupières de lune
patientes et sereines
de lymphes en tourbillons
doigts cloaques
qui toujours enlèvent
aux dermes d’argile
torturés de vents
ma peau qui frissonne
échoué sur la rive
embryon d’incertains au fond des tiroirs
les râles d’antan
écumes de larmes
à des plages d’infortune
je te regarde
ne vois que ramures déchirées
mélopées mourantes
ciels souillés
au creux des puits
et aussi des pupilles
le même vide noirâtre
et nous penchés
à jeter la torche
et mesurer l’attente
viens ma belle
ma larve dénudée
coquilles ou cocons
effondrées les parois
les plus belles courbes n’ont pas de peau
le sournois de l’aiguille
laisse sa caresse de poussière
aux meubles fendus
et nos pas
ne résonnent qu’à nous- même…
juste le clapot,
je t'attends, viens
ces limaces translucides
au fond de ton mouchoir
quand le préau fratricide
vient lacérer tous tes espoirs
alors déjà tout embrouillé
tu entrevois ton devenir
caché, muet, prêt à hurler
ta main si avide à saisir
et voilà ces larves de sel
qui sournoises à ton chemin
bave de sang, bave de miel
effaceront tous tes chagrins
et puis, frémissements de peaux
constat de froid, nouvelles aubes
creux d’étoffe, premiers sanglots
l’indifférent qui nous enrobe
ces escargots du bout du cœur,
mon aimée l’épée suinte
se colorent au gré d’humeurs
susurrées comme des plaintes
et tu frottes tes paupières
comme un tableau qu’on efface
fini le temps des prières
filets furtifs, douces traces,
ces cocons de vie serpentent
brises froides et si lasses
se languissent, se lamentent
cris confondus et trépassent
tes bras mangroves ensablés
fouillent la terre qui t’attend
bientôt les sursauts asséchés
l’œil maussade et les absents
et ces larmes chrysalide
de marbre et puis de pollen
tous ces doigts tendus au vide
croulants au poids de nos chaînes
vient, c’est sur, l’heure du miroir
te regarde, ne te vois plus
tâtonne jusqu’au désespoir
bientôt le vent se sera tu...
merci à Viviane pour son poème et le chemin qu'il m'a entrouvert
je vous chevauche
vos murs sont mes plaines
vos humus azotés
chairs et feuilles
nourrissent hélas vos descendances
et ce perpétuel mouvement
de vers et invisibles
qui nous mangent goulûment
qui nous font continuer,
la matière piétinée
que reste-t-il ?
avant l’âme, l’esprit,
on tête les écrans
bardés de fils et de cubes
noirs de préférence
des bouquets chamboulés
de sable et de pollen
caresses déchues
qui pansent et s’évanouissent
l’abeille titube et se sait en sursis
des assemblées vides
et le votant trahi
un projet, une société
des étendards qui cachent,
une presse à genoux
la boue du fleuve
qui remue et ramène
je vous observe
ai compris ma faiblesse
et votre pouvoir
mon silence ma force
jusqu’au cri
nos brises triomphantes
à vos tempêtes
pardon enfants pour l’héritage
des glaces mourantes
des jungles dénudées
tous ces yeux de méfiance
armés de certitudes,
la bougie allumée
et c’est un autre monde
aux plis de l’étoffe
les miettes de nos abus
et des visages cachés,
ils te tairont c’est sur
un épervier aveugle
s’accroche à la ramure
comme tous ces cœurs affamés
et peureux
je vous fuis
vos idéaux comme barbelés
le réseau de vos yeux
vos atomes et vos gènes
disséqués
des campements miséreux
bordent vos flamboyances
amour, ta peau ton haleine
ton chemin de tendresse
éphémère perdition
nid de couleuvres
écartelé aux lames de vos machines
béton et bitume
illusoires cabanes
obsédées d’ampleur
un scarabée escalade
restants d’os souillés d’argile
et cette sorte de brume
au fond de la fibre
du têtard au panda
l’embryon du déclin
tous ces regards vides
et ces rues observées
des chrysanthèmes comme excuses
l’écume est une langue
qui lèche et séduit
marque le temps
de nos appels perdus
enfoncés à l’oreiller
je vous laisse
des chemins de lait
m’interpellent et m’aveuglent
et mon poids d’humain
devient rebelle
amour, tu es là ?
…
vous qui passez, offrez-moi un titre
pétrir les nuées,
ce jus d’humain
écarlate et bleu parfois
aux stries asséchées,
des paradoxes d’histoire
font les aubes béates,
se pencher au miroir tremblotant,
s’y voir et plonger la main
à tâtons y cueillir l’amour
viens,
il traine ici des relents de soufre,
ces nuits d’uniformes
de cagoules et de coups,
palper les vides,
filets d’égoïsme, d’ignorance,
gris et encore cramoisis,
villages bombardés,
vos crachats meurtriers font les différences,
aux arrières cours,
les limousines et costumes veillent,
cravates au fond des banques,
transis mais toujours à l’affut,
retrouver la rue,
le droit de dire, de se préserver…
viens,
on va se faire des baisers,
se toucher et frémir,
se plonger en iris,
dire caresses et mots,
faut surmonter comme excrément peut-être,
leur héritage,
leurs protocoles et tabous,
et si les gestes sont mêmes,
les échéances dévoreuses et lénifiantes,
ne laissent en germes
que déserts et murs,
sur la vitre,
méandres de pluie,
ta peau aux confins d’étoffe,
survivance éphémère et fragile,
faire avec l’instant…
viens
ne pas se perdre au fond des jungles,
aux chauds effrois du désert,
aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,
chercher le parasite au tréfonds du poil,
ces sourires édentés,
de sagesse, d’aride et de moussons,
les peaux se touchent, se mêlent,
engluées,
débris de marécages, forêts tatouées au bitume,
filets qui suintent, dépouillés de frémissements,
glaces orphelines et mourantes,
on tend même plus la main
pour dire au secours, pour connaître l’autre,
des bruits de sirène et de moteurs,
si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,
et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,
viens
traversons ensemble
la courbe de brume et ces vagues d’illusions,
dans leur coupe, le sang du sacrifice
tout comme la bombe dans l’autobus,
l’âme a perdu son âme,
à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,
englués de certitudes,
croix, croissant, étoile,
la mitraillette aux portes du temple,
et des voiles de drapeaux et d’armures,
derniers battements de cœur,
mais restent les légiférants,
et nous courbés, boucliers d’égoïsme,
muets et tremblotants,
voila quelquefois des mains qui se serrent,
les bouches fumantes des sillons chuchotent,
aux reflets aveugles des cités,
je suis à genou ?
peut-être avec toi,
juste au nom de l’humain…
...