les eaux séchées et leur dépôts insolites aux lisières des plages et des forêts touristiques, l’anonymat du paysan pakistanais qui a vu la montagne s’ouvrir mais jamais une caméra ni une boite de conserve
la main d’Ingrid qui chasse les mouches dans cette jungle hostile, elle qui n’a pas la chance d’être journaliste, le visage apeuré de Michael croupissant dans son enfer balinais, les yeux du soldat au travers la blessure et combien de milliers d’autres, anonymes, oubliés ?
je suis homme et désirerai être heureux de l’être
je porte le poids, de part ma nature humaine, des controverses, incohérences, illogismes de ceux de mon espèce et je dois m’en accommoder
milliard de cellules anarchiques qui se contournent, s’esquivent incapables de se fondre en un tissu homogène transcendées d’une drôle d’énergie, la survie
nous n’habitons pas la même maison, nous coexistons, imbibés d’égoïsme illusoire, de chimères que l’on érige en certitudes
celui les yeux vides qui fixe un invisible rêve, cette douleur omniprésente de l’enfermement, dans la maladie, derrière les murs ou sous la doctrine
il y a heureusement au fond des alcôves des bouches qui s’embrassent, des peaux qui se tendent, des chuchotements tièdes, il y a le rêve fondu en espoir, il y a l’amour et ce besoin latent d’utopies
pourtant
aujourd’hui l’homme a avancé l’horloge atomique universelle d’une seconde, le calcul mathématique n’ayant pas tenu compte des aléas du mouvement naturel
le jeu du vent au travers les rameaux, le cri du premier souffle, le vol éparpillé de l’oiseau sont bien loin d’une quantification toute rigoureuse soit-elle
restons modestes, conscients de la furtivité de l’instant et de notre pouvoir, cherchons à nous servir mutuellement, donnons nous les uns les autres
aimons nous
poussière d’homme