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diaphane express

9 février 2006 4 09 /02 /février /2006 18:59

maman, c’est toi la première qui m’a parlé d’Oscar, tu t’en rappelles toi, tu n’as pas les mêmes souvenirs que moi, c’était le maréchal-ferrant au village celui qui bichonnait les sabots de ces fiers animaux sans qui l’homme ne pouvait travailler

quand il passait au travers les rues, dressé sur sa monture, tu allais ramasser les crottes, c’était du bon humus pour la terre, tu l’admirais, nul dans le bourg n’avait son pareil pour apprivoiser les chevaux et il était fier de cette complicité avec la bête

tu l’aimais bien Oscar, tu l’as vu se marier avec Joséphine et t’as même connu les deux progénitures qu’ils ont eu

l’un est parti au loin, l’autre est restée au village

elle s’appelait Micheline, elle s’est mariée et a eu deux enfants

et puis la vie, le temps, ont brisé leur couple, Oscar a occupé la maison en face de Micheline et Joséphine est venue rejoindre sa fille

en campagne c’était comme ça, on abandonne pas la matrone et Oscar a vécu en face, de l’autre coté de la rue, juste une annexe de la grange ou il s’était aménagé un couchoir et une cuisine, ces hommes là vivaient de rien

et Micheline s’est mariée à son tour, elle a eu ses enfants

et un jour, tu n’étais plus là maman et moi j’étais pas encore voisin, le mari de Micheline s’est pendu, dans la grange, pour d'obscures raisons, là, juste à coté du taudis d’Oscar

et lui le patriarche, il a rien dit, il disait jamais rien, tout seul avec son bâtard de chien malade à sentir l’age lui enlever la sève qui l’avait toujours nourri

et puis moi, je suis devenu voisin, j’ai construit ma maison à coté de Micheline et d’Oscar même que son chien à Oscar il me faisait toujours la fête, il m’aimait bien je crois

j’ai connu les enfants de Micheline, un gars, une fille

la fille, elle est partie s’installer ailleurs quand elle a trouvé son homme et le fils il est resté au foyer maternel et lui aussi un jour il a ramené sa petite amie

alors Micheline, elle a dit, attends on va agrandir la maison d’Oscar comme ça tu pourras l’habiter avec ta fiancée

et on a fait venir les maçons, on a rien demandé à Oscar et on s’est implanté chez lui

et moi le soir quand je rentrais du boulot, je m’arrêtais pour discuter avec lui et caresser son chien et je le voyais bien, diminuer de jour en jour, me raconter qu’il n’était plus dans sa maison qu’il ne savait plus bien pourquoi il était encore là puisqu’on ne le voyait plus

son modeste lavabo avait été transformé en salle de bain et quand il y allait, il ramassait des culottes et des serviettes périodiques,

à table on mangeait sans se soucier de sa présence mais on savait bien lui laisser les tâches pénibles, rentrer le bois, ramasser les feuilles, abreuver l’âtre ou bien retourner la terre dans le potager

et puis un soir, j’ai pas vu Oscar ni son chien et Micheline sa fille est venue me voir à la tombée de la nuit, elle ne pleurait pas mais semblait affectée

Oscar, il s’était pendu lui aussi à la même poutre de la grange

et cinq jours plus tard son chien mourrait de faim devant sa tombe

depuis je suis parti, je ne mets plus les pieds dans ce village maudit

on peut tuer à petit feu, sans haine

juste avec de l’indifférence

puisse ce texte lui rendre hommage et perpétuer sa mémoire
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commentaires

M
Salut Dan,<br /> J'ai trouvé 'Oscar' très touchant et si juste.<br /> JL F m'a donné de tes news ce matin, j' imagine le choc que je ressentirai à ta place, puisque c'est une partie de ton enfance qui est partie en fumée. . . <br /> mais, les souvenirs les plus importants sont ceux du coeur, et ils ne te quittent jamais.<br /> Bises à toi mon ami et courage pour cette nouvelle épeuve.<br /> Martine<br />  
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D
L'ndifférence: mot et situation horribles et dramatiques; malheureusement de + en + d'actualité dans ce monde individualistes, d'introvertis , d'élitisme....., de profits. L'indifférence se retrouve partout ,même venant de proches , d'amis , de la famille. "MAIS AU BOUT DU COMPTE ON SE REND COMPTE QU'ON EST TOUJOURS TOUT SEUL AU MONDE " et c'est (malheureusement) la triste réalité.<br /> Merci pour ce beau texte
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R
L'indifférence, quel mot horrible...En contrepoint la mémoire...merci de ce texte poignant.
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B
tué par l'indifférence, il revit dans ton souvenir et par cette évocation...
Répondre

voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

city.jpg

viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

thailande.jpg

viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

sagesse.jpg

viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

auroville.jpg

...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...