- eh mec, tu crains avec ton rott !
va, continue, petite bête,
habillée d’automne, aux poils débordants
le museau qui analyse l’asphalte du trottoir
qui est si loin des senteurs douteuses
du moqueur de l’autre coté de la rue
et puis le regard du type étonné
de me voir avec mon sopalin
ramasser la crotte, minuscule
et le cul tortillé de l’animal épanoui
- eh t’as vu la terreur !
quarante sur vingt cinq
vif comme l’éclair
douce comme le réconfort
face maligne et pile désuet
inconsciente et câline
un monde
l’odeur de ton poil, tes habitudes canines
et puis nous
ta truffe alertée, qui hume, qui détecte
le fond de tes yeux, avide et donneur,
et nos témoignages
toi si petite
tu me piétines, te frottes, me nargues, me séduis
le coussin pour t’ébrouer
le fond du canapé pour dessiner ton contentement
les limites de ton territoire
dans des secousses libérées
oui nous
et l’humain
au travers une petite boule de poils
fragile, et tellement complice
sentir le poids du silence, la larme qu’on essuie
- bonjour, excusez-moi,
le halot du réverbère renvoie l’ombre d’un grand chien
on traverse, je te sais curieuse et impulsive
arrogante parfois
c’est toujours la loi du plus fort
tes pattes survolent le sol
verrais-tu le danger si je n’étais pas là ?
les différences c’est aussi chez la faune
- elle est mignonne, comment elle s’appelle ?
elle s’appelle Virgule
c’est une bâtarde, une métisse
et vous savez pas les instants cachés
nos jeux, nos protocoles, nos défis
nos tendresses, nos apprivoisements
nos manques et besoins
nocturne
je sens cette haleine fuyante
la trace laissée de cette langue furtive
la chaleur animale
moi si démesuré qui te porte en mes mains
tes aboiements timides qui me font sourire
cette vivacité reptile, ce langage mimétique
cette présence
- allez on rentre, viens Virgule !