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diaphane express

12 novembre 2005 6 12 /11 /novembre /2005 23:00
J’écris pour toi c’est sur. Nous sommes tous identiques, avec nos petites misères, nos dérisoires certitudes, nos envies et nos chagrins. J’écris par amour, comme un don solitaire, une offre gratuite, un refuge, un rêve prolongé, sorte de jouissance narcissique peut-être mais tellement bienfaisante simplement de savoir que tes yeux me liront. Qu’importe le reste, sans me voir tu m’auras donné corps, tu continueras de me faire vivre.
 
J’écris comme on gerbe, comme on défèque, pour me libérer, pour évacuer toute cette désillusion, tout ce désespoir qui déborde de mon être, qui transpire, jaillit en flots perpétuels. J’écris l’oraison funèbre des amours défunts, disparus, j’écris peut-être pour marquer le refus d’accepter la mort, j’écris des mots comme pour remplacer les larmes. Et toi, toi, tu me lis, tu penses que c’est l’irrémédiable issue, mais sais-tu qu’aucun amour ne se ressemble, et que par définition il ne doit pas être voué au naufrage. Oui tu le sais certainement.
 
Je n’ose imaginer tes yeux. Les mots défilent qui sont caresses ou couteaux, l’histoire n’est que répétition. De toutes façons à quoi bon écrire, on sait tout cela. On sait ? Alors j’arrache des bribes de temps, je m’octroie la nécessité, et je prends ma plume. Acte solitaire peut-être mais quête désespérée vers l’autre. Message furtif comme le rayon jaune qui balaie la mer.
Je te donne présence, entité tapie et qui veille, je t’invente et te fais vie. Et toi, tes yeux accrochés à l’écrit, tu m’inventes à ton tour et tu me fais renaître. Tu vois, ce qui fait la qualité de cette forme de perception, c’est qu’il faut aller au devant, les mots ne se dévoilent pas si facilement.
Ne nous arrêtons pas, reste avec moi !
 
J’écris tu vois par narcissisme, égoïsme, pour te retrouver encore. J’écris pour tisser un lien fictif entre toi et moi, pour te faire l’amour par mots interposés. J’écris comme dernier recours à la vie, un ultimatum avant le définitif départ. Et je te prends comme témoin, comme spectateur, voyeur complice. J’étale sur mes joues ces méandres salés, nourrir cette peau asséchée par le temps et la douleur. Les mots sont gouttes de lave qui transpercent les tripes et ravivent autant qu’ils emportent les sentiments désormais offerts au vide. J’écris pour nous rendre hommage, pour que l’anonyme sache que l’on existe et que l’on est unique.
J’écris pour laisser couler cet amour débordant qui n’en finira pas de jaillir. Il y a ceux qui parlent aux morts comme s’ils étaient vivants et il y a ceux qui parlent aux vivants comme aux morts, tout simplement parce qu’ils ne sont plus là, même vivant.
Tu comprends le besoin et les bienfaits de l’écriture ?
 
J’écris encore, toujours, et j’espère que tu ne m’as pas quitté. Les mots sont bave qui glissent au bord des lèvres, ils sont gouttes de spermes qui jaillissent en retrouvailles virtuelles, ils sont hurlements qui crèvent l’indifférence. Les mots sont obéissants et amis, ils sont ce que l’on veut bien laisser. J’écris pour défendre l’unique vérité qui devrait être évidence aux yeux du troupeau : aimer.
J’écris.
Simplement un songe livré à l’inconnu et au devenir. 
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commentaires

L
oui, continues d'écrire<br /> mais ne t'égares pas trop
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H
Appolinaire aurait pris une veritable déculottée.Bravo pour cette plume...<br /> avec toute mon affection et à bientot pour un petit café matinal!
Répondre

voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

city.jpg

viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

thailande.jpg

viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

sagesse.jpg

viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

auroville.jpg

...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...