les mots, ces entités furtives qu’on accouche et qui comme des enfants nous échappent avec le temps, les mots ces défécations de l’esprit, miroir de peurs et de rêves, narcissisme en cadeau, jouissance solitaire avec au fond de l’âme tellement d'envies potentielles, l’autre invisible
désir d’être lu
ou écouter
Fabien me parle, appelez le « Grand Corps Malade », c’est lui qui le dit,
il est midi vingt
les mots, c’est en les assemblant qu’il nous emmène, qu’il nous dérange nous fait pleurer
des mots simples, de la rue, du quotidien, des yeux qui observent et posent sur la feuille
notre reflet, notre rejet, notre projet
il ne fait pas comme il se doit,
de la masturbation intellectuelle pour intello-caviar, non il prend sa substance dans le vrai, le langage parlé et il en fait une symphonie d’émotions
Fabien il slame,
allez, juste un bref retour
le slam, l’envie de dire, de prononcer, de faire entendre la poésie du mot
tu sais les go-go girls qui enfilent les billets dans le slip
là ce sont des nanas ou des mecs qu’ont trois minutes pour déclamer leur cœur,
le verre en récompense
et les mots s’égrènent graves ou rieurs, timides ou criards
des mots sans contrainte, libres, dernier refuge d’expression puisque non catalogués
le slam c’est la douleur du naître
le retour au premier souffle, le vent des yeux
à cappella
seulement pour la beauté du texte et du message susurré
l’artiste est celui qui prononce et aussi celui qui écoute
la voix engendre les ambiances, les univers
les rêves et les constats
elle paralyse d’effroi ou de questions
elle dérange et séduit
le slam est un hymne à la poésie,
la survie de l’écriture, miroir sensible aux affres de notre monde
à prendre sans orgueil seulement avec le cœur
dernier espace de liberté verbale
Fabien est Grand Corps Malade
enfant de la banlieue
il nous y projette,
sa grande silhouette appuyée sur sa béquille
son regard d’azur et cette voix profonde et apaisante
et puis ces mots tous ces mots
qui nous ouvrent le cœur et les tripes
nous prennent par la main
et nous lavent les yeux
Fabien nous offre le quotidien, l’amour
la souffrance et le rêve
il est midi vingt
le son de sa voix, l’envoûtement de ses dires
juste se laisser emporter, toucher l'instant
musique : S Petit Nico / textes : Grand Corps Malade