penchés, assis sur la berge
et le fleuve qui coule
allons plus loin mon frère
au delà des plaies et des jungles terrassées
serres ma main, on le fera ce voyage
au fond du verre tout un paysage
allez on marie nos maux
colorez l’uniforme
quoi frérot je sais que c’est impossible
c’est bien le fond de l’être qui importe
allez on se donne tous les droits
nos droits
la lèche de l’angoisse, la fellation politique
on s’en tape
enfin les mots, les vrais
accessibles et humains si loin des images
et des chiffres
on paraphrase, on métaphore
et on fait caca
la berge est une peau
et le fleuve un afflux
et je vois
ces gonflements qui crient
ces tourbillons qui se figent
et la mémoire des aubes
on ne sait pas, on ne sait jamais
l’histoire et la science
acquis oubliés et vécus dirigés
au bout des mots
y’a t-il toujours la main qui relève du trottoir
l’oreille comme puits de détresse
le souffle qui fait montrer les jambes
et se jouer des incendies
les yeux écarquillés, repus et fatigués
et l’horreur plein ta gueule
ma bouche qui t’embrasse
ça gronde aux flancs des limites
les flots s’emplissent
gourmands et destructeurs
faut bien croire à quelque chose
il y a la peau, la couleur
et quelque soit,
l’éternelle solitude
c’est toi c’est moi
et la mémoire des aubes
ma sœur, mon frère de paix
on pose les armes
penchés, assis sur la berge
et l’onde qui tournoie
nous renvoie et se moque
au creux du nombre
nos âmes si fragiles
y’a t-il toujours la main qui panse
bisous au creux d’oreille
toutes ces haleines mélangées
et ta voix, la nôtre avec ces mots
onguents et placebo
viens frangine
loin des filaments ternes
charriés de sang
les beuglements du fleuve
comme des chants d’impuissance
allez compagnon blafard
ma main plaquée à tes lèvres
surtout ne pas vomir
cette bile d’écœurement
qui fait crever la terre
allez on se donne tous les droits
nos droits
ceux que les goules de la morale
ont sucé en nos chairs
viens
un jour peut-être on sera foule
on piétinera la haine
et nos poings fleuris
partageront la lumière…