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diaphane express

3 août 2006 4 03 /08 /août /2006 08:31

le 1er janvier 1942 sous le pression de Franklin Roosevelt, 47 pays signent la Déclaration des Nations Unies

le 25 et 26 avril 1945, l’ONU est créée avec cette fois 51 états fondateurs, elle entrera en vigueur le 24 octobre de la même année

aujourd’hui l’ONU compte 192 états membres dont 5 états membres permanents : Chine, Etats Unis, France, Royaume Uni, Russie

les membres permanents possèdent un droit de veto ce qui signifie que si un état refuse de donner sa voix, aucune résolution ne peut être prise,
les autres pays siégent par roulement renouvelé tous les 2 ans

les buts de l’ONU : extrait du chapitre 1, art. 1§2 :

développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droit des peuples et de leur droit à disposer d’eux mêmes… 

les actions de l’ONU se traduisent aussi par le maintien de la paix et la sécurité, le développement économique et social, les droits de l’homme, le droit international et l’action humanitaire

 

à l’heure ou le Moyen-Orient s’embrase, peut-être serait-il bon pour la mémoire de rappeler certaines résolutions qui n’ont jamais pu être appliquées et d’observer les pays non signataires

la liste (extraits) se présente comme suit sur une période de 9 ans (*) :
date-sujet / n° de la résolution / vote oui-non (pays votant non)

1978
15 décembre / 33.75 / 119-2 (Etats Unis, Israël)

Demande au Conseil de Sécurité, notamment ses membres permanents à prendre les mesures nécessaires pour soutenir les décisions de l’ONU sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales

19 décembre / 33.136 / 119-1 (Etats Unis)

Invitation aux pays développés à améliorer la quantité des aides aux pays sous-développés

1979
12 décembre / 34.90A / 111-2 (Etats Unis, Israël)

Demande à Israël de mettre fin à certaines violations des Droits de l’Homme

14 décembre / 34-113 et 34.136 / 120-2 (Etats Unis, Israël)

Demande d’un rapport sur les conditions de vie des Palestiniens dans les territoires arabes occupés

Droit d’exploitation des ressources nationales dans les territoires arabes occupés

17 décembre / 34.160 / 122-2 (Etats Unis, Israël)

Intégration des femmes palestiniennes dans le programme de Conférence de l’ONU sur la femme

19 décembre / 34.199 / 112-1 / (Etats Unis)

Protection des droits des pays en voie de développement dans les négociations commerciales internationales

1980
5 décembre / 33.57 et 35.75/ 134-1 (Etats Unis)

Création d’un Nouvel Ordre Economique International pour favoriser la croissance des pays sous-développés et la coopération économique internationale

Condamnation de la politique israélienne concernant les conditions de vie du peuple palestinien

11 décembre / 35.122C / 118-2 (Etats Unis, Israël)

Respect des Droits de l’Homme par Israël dans les territoires occupés (le même jour 2 résolutions similaires, 35.122E - vote 119-2 et 35.122F – vote 117-2)

15 décembre / 35.174 / 120-1 (Etats Unis)

Rappel que le développement des nations et des individus fait partie des Droits de l’Homme

1981
9 novembre / 36.18 et 36.19 / 123-1 (Etats Unis)

Promotion du mouvement coopératif dans les pays en voie de développement (agriculture, épargne et crédit, logement, protection des consommateurs, services sociaux, etc.)

Droit pour chaque état de choisir son système social et économique selon la volonté de son peuple, sans aucune forme d’ingérence extérieure

4 décembre / 36.73 / 109-2 (Etats Unis, Israël)

Condamnation de la politique israélienne et de ses conséquences sur les conditions de vie du peuple palestinien

9 décembre / 36.87B et 36.98  / 107-2 (Etats Unis, Israël)

Création d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient

Demande à Israël de renoncer à la possession d’armes nucléaires

9 décembre / 36.96B / 109-1 (Etats Unis)

Encouragement aux négociations sur l’interdiction des armes chimiques et biologiques

10 décembre / 36.120A et B / 139-2 (Etats Unis, Israël)

Droit du peuple palestinien

Statut de Jérusalem

14 décembre / 36.133 / 135-1 (Etats Unis)

Déclaration du droit à l’éducation, au travail, à l’aide sanitaire, à une alimentation adéquate et au développement économique national comme partie intégrante des Droits de l’Homme

16 décembre / 36.146A et G, 36.147C, 36.147F / 141-2 (Etats Unis, Israël)

Statut des réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza

Création de l’Université de Jérusalem pour les réfugiés palestinien

Violations israéliennes des Droits de l’Homme dans les territoires occupés

Condamnation de la fermeture par Israël des universités dans les territoires occupés

17 décembre / 36.173 / 115-2 (Etats Unis, Israël)

Souveraineté permanente des ressources dans les territoires occupés en Palestine et dans d’autres territoires arabes

1982
9 décembre / 37.73 / 111-1 (Etats Unis)

Nécessité d’un traité mondial d’interdiction des essais nucléaires

18 décembre / 37.199 / 131-1 (Etats Unis)

Déclaration du droit à l’éducation, au travail, à l’aide sanitaire, à une alimentation adéquate et au développement économique national comme partie intégrante des Droits de l’Homme

1983
15 décembre / 38.182 et 32.183M / 133-1 (Etats Unis)

Interdiction du développement et de la fabrication de nouveaux types et systèmes d’armes de destruction de masse

Demande aux pays possédant l’arme nucléaire de transmettre un rapport annuel à l’Assemblée Générale sur les mesures prises pour prévenir une guerre nucléaire et arrêter la course aux armements

1984
8 novembre / 39.9 / 134-2 (Etats Unis, Israël)

Coopération entre l’ONU et la Ligue Arabe

11 décembre / 39.49A / 127-2 (Etats Unis, Israël)

Droits du peuple palestinien

12 décembre / 39.62 et 39.65B / 125-1 (Etats Unis)

Interdiction du développement et de la fabrication de nouvelles armes de destruction de masse

Interdiction des armes chimiques et bactériologiques

17 décembre / 39.148N / 123-1 (Etats Unis)

Interdiction des essais nucléaires, arrêt de la course aux armements nucléaires, désarmement nucléaire

18 décembre / 39.224 / 146-2 (Etats Unis, Israël)

Assistance économique et social au peuple palestinien

1985
13 décembre / 40.124 / 130-1 (Etats Unis)

Approches alternatives au sein du système de l’ONU pour améliorer le respect des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales

13 décembre / 40.148 / 121-2 (Etats Unis, Israël)

Mesures à prendre contre les activités nazies, fascistes et néo-fascistes

1987
7 décembre / 42.101 / 150-1 (abstention des Etats Unis)

Demande d’une convention sur les Droits de l’enfant

7 décembre / 42.159 / 153-2 (Etats Unis, Israël)

Mesures pour prévenir le terrorisme international, étudier les causes politiques et économiques du terrorisme ; convocation d’une conférence pour définir le terrorisme et ce qui le différencie de la lutte des peuples pour la libération nationale

le 2 septembre 2004, le Conseil de sécurité de l’ONU votait la résolution 1559 dont voici l’extrait principal : 
1. Demande à nouveau que soient strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du gouvernement libanais s’exerçant sur l’ensemble du territoire libanais ;
2. Demande instamment à toutes les forces étrangères qui y sont encore de se retirer du Liban ;
3. Demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées ;
4. Soutient l’extension du contrôle exercé par le gouvernement libanais à l’ensemble du territoire du pays ;
 

cette note ne se veut ni partisane ni exhaustive, simplement un rappel pour une compréhension un peu plus éclairée des tenants et aboutissants qui bouleversent actuellement notre planète, c'est au lecteur de façonner sa propre opinion 

(*) source : William Blum / L’Etat voyou / Parangon / 2002

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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 13:51

écrire, c'est offir, partager, les mots sont malléables et impersonnels et chacun peut les prendre et en jouer
ci-dessous le texte d'origine

 

sur la grève,

elle semble si frêle, cristal d’ombre, immobile,

avec au fond des yeux des élans avortés d’étreintes aux mugissements martelés d’un océan de sueur

le dernier chalut a saisi le port, s’est porté vers la jetée comme essoufflé,

elle a vu ces hommes titubants déposer leur maigre récolte sur un quai transpirant d’embruns et de vent et se fondre aux brumes assoiffées du roulis de l’ivresse

elle s’avance vers ce ventre mouvant ne relève pas sa robe que l’écume acharnée vient lui souiller en flocons de bave et gifles salées,

elle tend le bras, voudrait saisir ces confins d’horizon pour y cueillir l’esquif qui ne veut pas rentrer, et le chant du ressac comme unique prière

l’arc jaune du phare se cogne au rideau d’éléments, confondus, éperdus, gouffre de tourmentes et sirènes déchues

elle s’avance à nouveau et les flots égoïstes se jouent de sa personne, bouclier de chair, récif de vivant, elle laisse ce grouillement lui mordre les entrailles

sur la grève

comme des cercles d’étoiles, cadeau de l’océan

la brume qui se lève
et l’horizon tout blanc

et puis un matin, une autre version du texte déposée dans la boite à commentaires, même trame mais les mots s'échappent et nous emmènent ailleurs
merci Merbel pour cette sensuelle variation

 

Rêve fluide

Dans son rêve,
elle semble si frêle, cristal d’ombre, immobile,
avec au fond des yeux des élans affirmés d’étreintes aux mugissements martelés d’un océan de sueur
le dernier homme a saisi son corps, s’est porté vers la jetée comme essoufflé,
elle a vu ces hommes titubants déposer leur lactance sur ses quais transpirant d’embruns et de vent et se fondre aux brumes assoiffées du roulis de l’ivresse
elle s’avance vers cette lame rigide et mouvante ne relève pas sa robe que l’écume acharnée vient lui souiller en flocons de bave et gifles salées,
elle tend le bras, voudrait saisir ces confins d’horizon pour y cueillir l’esquif qui ne veut pas rentrer, et le chant du ressac comme unique prière
la colonne flamboyante du phare se cogne au rideau de ses éléments, confondus, éperdus, gouffre de tourmentes et extases déchues
elle s’avance à nouveau et les flots égoïstes se jouent de sa personne, bouclier de chair, récif de vivant, elle laisse ce grouillement lui mordre les entrailles
Dans son rêve
comme des cercles d’étoiles, cadeau de l’océan
la brume qui se lève
et le soleil miroitant

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24 juillet 2006 1 24 /07 /juillet /2006 20:38

c'est l'heure des analyses, du voyeurisme, le sang derrière l'écran, les constats et les déclarations, les opinions, les fanatismes, c'est l'heure de l'horreur,
et ça il faut le dénoncer
tout peuple qui souffre doit mériter compassion et aide
je veux juste à ma modeste façon rappeler que l'on ne peut laisser mourir les hommes, les femmes, les enfants quels qu'ils soient

Paix :
Nom féminin invariant en nombre
1 - situation d'un pays qui n'est pas en guerre
2 - fin d'une guerre
3 - accord, entente entre personnes qui ne sont pas en conflit ou qui se sont réconciliées
4 - absence de trouble social
5 - tranquillité physique d'une personne vivant dans le calme, dans un lieu calme
6 - quiétude morale, sérénité
7 - caractère calme d'un lieu, d'un moment
© Encyclopædia Universalis 2005, tous droits réservés

quelques sites à voir : Nadia Tueni, poétesse Libanaise /
                              chez Kalima
                              le coeur du Liban
                              la revue du Liban
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21 juillet 2006 5 21 /07 /juillet /2006 21:13

c’était l’année 1968, petit banlieusard je traînais déjà mes rêveries au fond de la classe près de la fenêtre, la cour de récré ne mélangeait pas les gars et les filles et les livres étaient notre télévision

sur les murs fleurissaient d’étranges phrases :

l’imagination au pouvoir,
la dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours !

la rue grondait, de la fac à l’usine comme un parfum d’utopie et le général balbutiait

cette année là Montand faisait de la bicyclette et Dutronc regardait Paris s’éveiller et puis de l’autre coté des mers, Joplin sortait son premier album, les Beatles un double blanc, les Moody blues rêvaient de nuit en satin blanc et les Rolling Stones enfin compositeur déposaient sur les platines une galette nommée Beggars Banquet

ce n’est que plus tard presque religieusement que je découvris le morceau phare du groupe, celui d’un meurtre à Altamont en 1969, celui qui accompagne leurs tournées depuis le début :

Sympathy for the Devil

S'il vous plaît, permettez-moi de me présenter 
Je suis un homme riche et distingué 
Ca fait bien longtemps que je rôde 
J'ai volé l'âme et la foi à beaucoup d'hommes 
Je rôdais déjà quand Jésus Christ a eu ses moments de doute et de douleur 
Et je me suis assuré que Ponce Pilate se lavait les mains et scellait son destin 
Enchanté de vous rencontrer, j'espère que vous savez qui je suis 
Mais ce qui vous perturbe, c'est la nature de mon jeu 
J'étais coincé à St Petersbourg quand j'ai vu que l'heure du changement était venu 
J'ai tué le Tsar et ses ministres, Anastassia a hurlé en vain 
J'ai conduit un tank et obtenu le grade de général pendant que la blitzkrieg faisait rage et que les corps puaient 
Enchanté de vous rencontrer, j'espère que vous savez qui je suis 
Mais ce qui vous perturbe, c'est la nature de mon jeu 
J'ai observé ravi quand vos rois et vos reines 
Se sont battus pendant dix décennies pour les Dieux qu'ils avaient fait 
J'ai crié : "Qui a tué les Kennedy ?" 
Alors qu'après tout, c'est vous et moi 
S'il vous plaît, permettez-moi de me présenter 
Je suis un homme riche et distingué 
Je tendais des pièges aux troubadours 
Qui ont été assassinés avant d'atteindre Bombay 
Enchanté de vous rencontrer, j'espère que vous savez qui je suis 
Mais ce qui vous perturbe, c'est la nature de mon jeu 
De même que tous les policiers sont des criminels, tous les pêcheurs sont des saints 
Et pile est face, appelez-moi simplement Lucifer 
Car j'ai besoin d'une certaine modération 
Donc si vous me rencontrez, soyez gentils 
Soyez aimables, attentionnés, conduisez-vous bien 
Servez-vous de l'éducation que vous avez reçue 
Sinon je perdrai votre âme 
Enchanté de vous rencontrer, j'espère que vous savez qui je suis 
Mais ce qui vous perturbe, c'est la nature de mon jeu

on était bien loin de la chansonnette guimauve, les Stones par ce titre marquait le début de leur légende, celle d’enfants maudits, rebelles

les années sont passées et le Diable est resté, on dirait même qu’il fait de plus en plus d’adeptes, quand aux Stones, ils arrivent, 38 ans plus tard avec le même chant et le message est hélas toujours d’actualité

écoutez, regardez, la vidéo qui suit est sauvegarde d’une époque ou la liberté de dire et d’être existait encore

Vidéo extraite du Rock And Roll Circus / enregistré le 11 décembre 1968 / inédit jusqu’en 1996 / sortie DVD 2004 – montage graphique et remix sur cette version
Merci à Serge pour la traduction

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16 juillet 2006 7 16 /07 /juillet /2006 09:42

la nuit, je le sais

ils murmurent

ils ne sont pas l’homme singé

apparat de comédie

miroir d’ornement

non,

ils ont fait la route avec moi

au fond de mon sac

et de mon cœur

ils vivent ici

dans mon antre

ils portent leurs histoires

les traces de mains

de ceux qui les conçurent

la nuit, je le sais

ils susurrent

dialecte du fond des jungles

incantations divinatoires

reflets chantants au marbre des canaux

mélopées douces au creux des temples

fragment d’être et de croire

parfois, je le sens

ils me sourient

ils ne sont pas stuc, bois poli, argile, pierre, métal

non

juste peau d’hommes

visages du monde

porteurs d’âme

la nuit, je le sais

ils m’appellent
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12 juillet 2006 3 12 /07 /juillet /2006 12:44

je fermerai tes yeux

au champ des assoiffés, j’irai tordre la terre

et elle te reniera

les fleurs de pluie que je détrousserai

suffiront pour avorter les flammes

je fermerai tes yeux

puisque se furent les miens

de nos reflets brisés

je détruirai les liens

momie clouée aux échos de chagrin

je fermerai tes yeux

fulgurance du demain

et puis main retrouvée aux sources du lactée

j’irai crier l’étoile

et elle te reniera

je fermerai tes yeux

aux aboiements hirsutes

et glauques des humains

je ferai taire l’onde mièvre des matins

et leurs mots voletants papillons d’incertain

viendront choir en nos corps

loin de tout, loin de rien

je fermerai tes yeux

puisque se furent les miens

je nous enfermerai au dedans de nos ruines

petites perles de sang

desséchées, confondues

au temps blême qui passe

nous resterons statue

je fermerai tes yeux

je n’ai plus rien à voir

à voir et à aimer

ombre de l’ombre, j’attendrai par dépit

 qu’on vienne me renier
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10 juillet 2006 1 10 /07 /juillet /2006 09:11

la ville suintait, des coulées de lumière ocre serpentaient sur les façades,  les pétunias, corolles flétries ne flirtaient plus avec les géraniums, un tapis prématuré de feuilles desséchées nappait les trottoirs ou tourbillonnait follement aux passages des véhicules

le temps paressait, des paquets de silhouettes silencieuses se dissolvaient mollement aux arcs des bâtis et toujours ces effluves d’égout et de pollen

je marchais, observateur et absent, je savais ce poids aux épaules et au ventre autre que celui de cette moiteur estivale

avais-je un but, un désir blotti au creux de mon errance ?

une mouette rieuse perchée sur le gris brûlant d’une gouttière me guettait, observatrice et absente, je la sentais complice presque compassionnelle, j’ai souri, j’ai chuchoté

aux pavés de la ruelle qui menait au parc, de gros scarabées bleus filaient aux entrelacs de pierre, de lourds papiers gras frissonnaient comme d’étranges draps au caniveau, un fruit éventré s’offrait, agonisant aux essaims affamés

je marchais sans même l’écho de mes pas, je sentais ce temps comme figé ne jamais desserrer son étreinte dansante, observateur et absent

j’ai trouvé un banc et m’y suis assis que pouvais-je faire d’autre ?

j’inventais une bruine, un crépuscule clairet, le jus éclaté d’une framboise aux hérissements papillaires, la marque d’un baiser en taches luisantes sur l’onde de chair

- fiches le camp, bonne à rien, tu nous fais honte

les stridences hystériques et possessives d’une mère par erreur, l’approbation béate et soumise d’un père par erreur, une petite fille sortie de derrière le bouquet de spirées et de tamaris est allée s’asseoir, visage baissé et poings serrés sur un autre banc

les ramures se refusaient à transmettre ce ressac d’affligeante violence, une libellule ou une fée a traversé mes yeux de son vol éthylique et s’est posée discrète face à l’enfant, observatrice et absente , complice presque compassionnelle

une mèche furibonde s’est collée à sa joue, engluée de sueur et de larmes et puis de refus et de promesses, celles enfantines à ne jamais être identique au géniteur

je me suis levé, me suis approché, me suis assis au bout du banc, au bout d’une vie, au bout de cette détresse que j’aurais voulu arracher aux épaules trop jeunes et fragiles de ce cocon si mal ouvert aux dérisions mauvaises des semblants d’hommes

moi aussi le sel sous les cils, libellule, mouette rieuse ou êtes-vous ?

des frissons de banquise comme oripeaux dermiques, j’ai senti l’aura de son regard me traverser, se poser, chercher mon âme, crier en souffles muets, croire encore, complice presque compassionnelle

une brise peureuse arrache la mèche au chagrin et à la peur et nous ôte à tous deux un peu de lourd et de subi, un crapaud brise en ondulations alanguies l’éclat lisse du lac

là, sur ce banc de silence, portés, transcendants aux spirales cramoisies

 nous deux, observateurs et absents
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9 juillet 2006 7 09 /07 /juillet /2006 16:08

je suis souvent surpris à la lecture de certains blogs, d’y déceler une idéologie de la liberté d’expression mais d’y voir « fleurir » parallèlement le logo du copyright et la publicité, pour je suppose avoir un signe de reconnaissance et de revenus face à ces créations

mais ne sommes-nous pas éphémères et notre besoin d’expression n’a-t-il d’autres raisons d’être que celles d’être vu et partagé ?

connais-t-on l’auteur des fresques khmers d’Angkor ou des figurines Massaï sorties de la glaise ? et puis que l’on soit Michel-Ange, Einstein, Luther King, Spielberg, Lautréamont ou un simple bloggeur anonyme, notre dessein n’est-il pas de servir l’humanité ? si modestement soit-il…

Malraux, Hossein, Savary voulaient faire descendre l’art dans la rue, gratuitement sans élitisme ni droit d’auteur, juste pour ouvrir ou garder un temps soit peu de conscience universelle…

c’est dans cet esprit de culture/ propriété de chacun que je fais le lien entre ces artistes de rues et notre écran d’ordinateur, puisse cette petite promenade vous surprendre et vous plaire

Du fond de cette caverne qui fascine, les artistes anonymes, effacés de Lascaux nous invitent à nous souvenir d’un temps ou les êtres humains ne se voulurent de supériorité que sur la mort.

G. Bataille 

Rien ne nous empêche de dire que, comparée à la réalité, l’apparence de l’art est illusoire ; mais l’on peut dire avec autant de raison que ce que nous appelons réalité est une illusion plus forte, une apparence plus trompeuse que l’apparence de l’art. Hegel

L'Art est long et le Temps est court. Baudelaire

L'oeuvre d'art naît du renoncement de l'intelligence à raisonner le concret. Camus

L'art est toujours le résultat d'une contrainte.Croire qu'il sélève d'autant plus haut qu'il est plus libre, c'est croire que ce qui retient le cerf-volant de monter, c'est la corde. Gide

Au fait, tout cela est inutile. La grande affaire est de vivre, de vivre par l'imagination et la poitrine, de savoir, de jouer. L'art est un jeu. Tant pis pour celui qui s'en fait un devoir. Max Jacob

toutes ces œuvres sont issues d’un lieu de liberté d’expression ou l’espace est à tout le monde et la créativité encore tolérée

merci à tous ces créateurs

(la Briqueterie / Amiens)

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8 juillet 2006 6 08 /07 /juillet /2006 15:31

9 juin 1969

les Rolling Stones expulse Brian Jones du groupe, guitariste et fondateur

3 juillet 1969

Brian Jones meurt,

5 juillet 1969

Londres, Hyde Park, Mick Jagger s'avance un livre de Percy Shelley à la main et devant quelques 500 000 présents, se met à lire :

Silence, silence

Il n'est pas mort, il ne dort pas

Il s'est réveillé du songe de la vie

C'est nous, qui perdus dans des visions orageuses

Menons contre des fantômes une lutte stérile

Et, dans une transe maladive, frappons du couteau de nos esprits

Des riens invulnérables

Nous pourrissons tels des cadavres en un charnier

La terreur et le chagrin nous bouleversent

Et nous consument jour après jour

Espérances glacées fourmillant tels des vers dans nos chairs

L'Etre unique perdure, la multitude ne fait que passer

La lumière du ciel pour toujours luira

L'ombre terrestre s'envolera

La vie, tel un dôme multicolore

Teinte l'éclat blafard de l'éternité

Jusqu'à ce que la mort la réduise en miettes

Meurs

Et si tu dois rejoindre ce à quoi tu aspires

Suis le cours de tout ce qui fuit

10 juillet 1969

inhumation de Brian Jones

 

Percy Bysshe Shelley / poète / (1792-1822)

Brian Jones / guitariste / (1942-1969)

Portrait de Shelley / Curran / 1819

à voir : the Stones in the park

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22 juin 2006 4 22 /06 /juin /2006 12:43
dewplayer:http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/15/86/22/janis.mp3&

je la voyais dans la demi pénombre, son corps convulsé se tordre et ces plaintes longues et gutturales comme sorties du ventre de son âme parfois elle tâtonnait prenait le gobelet de plastique près d’elle et le trempait dans la casserole qui lui servait de fontaine et de crachoir, puis elle retombait lourdement, essayait de se couvrir en tirant les lambeaux de laine effilés qui lui servaient de couverture, c’était la nuit dehors toujours la nuit, le jour lui était un vague souvenir avant que les méandres bleutés de ses yeux n’éclatent en filets rougeoyants et n’aveuglent sa vue et son cœur, sur la planche posée sur deux briques et qui lui servait de bibliothèque je voyais les livres et les univers qui m’avaient fait me rapprocher d’elle, Ginsberg, Burroughs, Rimbaud, Watts, Gandhi, j’avance, je tâtonne, plus que deux piles, demain plus de musique, elle se crispe à nouveau, elle se cabre se tourne de moitié et sans même me deviner, elle vomit une bile cramoisie et cherche avec maladresse à ouvrir sa chemise comme pour happer le souffle nourricier qui la délivrera de cet asphyxie programmée, je rampe doucement, m’approche d’elle, attrape le petit magnéto et quelques cassettes et cherche sa main, dis tu m’entends, je suis là, je t’abandonne pas, tu m’entends ? à peine le ressac indigent d’une respiration en rade, je la voyais avant le venin, je la désirais, elle était lumière, plaisir, embruns de jouissance inondant mes errances, étoffe d’abandon au creux du vertige, plaisir encore, avant d’échouer aux abysses de ce squat comme cathédrale de souvenirs et prélude de linceul, je suis là, je te quitterai pas, un peu de bave moussante aux commissures des lèvres comme réponse ou sourire, avec peine je change la musique, tiens je te mets Janis je sais que tu l’aimes, tu lui ressembles tellement, j’ai froid dans ce corridor, ce putain de sas qui va te prendre je le sais et moi témoin amorphe et muet, je la voyais gravir ou descendre cet escalier de mort avec tous ces bouquets d’artifices perlés désormais comme horizon, je te vois encore nous battre avec la hargne du manque, piétiner tout l’amour, assoiffée de vide et de vite, je me penche vers toi, j’écarte le tissu, je veux ta peau même si elle ne frissonne plus, avec mon doigt je redessine tes aréoles, les imagine vibrantes et de soleil, j’y pose mes lèvres, tu bouges, tu as bougé, oui parle moi, ta bouche emmurée se tait juste un battement de paupières comme langage testamentaire, non me laisse pas, me laisse pas, j’ai senti ta main tenter l’ébauche d’une étreinte, d’un serment, j’ai senti aussi ce grand froid venir te prendre et m’arracher de moitié et là sur le plancher, cette seringue, cette cuillère, tes instruments de fuite…

musique : Janis Joplin / kozmic blues / in concert

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voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

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viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

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viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

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viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

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...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...