diaphane
bienvenue dans ce no man's land
ce transit de la vie vers le coeur
50 ans
et ce petit cadeau
quand l'image appuie le mot
voyages, rêveries, musiques
ce pseudo paradis
qui plutôt que nous réjouir,
2000
2000 vies perdues, rouge sang sur jaune sable
combien d'orphelins, de veuves, d'âmes esseulées au nom d'un homme et d'une pseudo démocratie
la mort jaillissante au fracas d'une bombe
et puis celle des occupés qui n'interresse plus la presse et dont on se garde bien de donner un nombre
comme dit no one is innocent : "la bible dans la poche revolver"
et le monde, éternel témoin muet et complice
le rêve éphémère
qui se meurt en silence
avec ce goût amer
cette étrange indulgence
ce cri au désespoir
cet appel incertain
la pluie dans ton regard
et du sang dans tes mains
ils te pourchasseront pour un oui pour un non
pour avoir voulu décorer ta prison
et cet ordre souillé qui te fait des barreaux
saura bien te bouffer jusqu'à tes derniers os
tu voulais seulement le droit d'imaginer
t'isoler quelque peu, pouvoir te reposer
ils t'ont pris tes désirs, t'ont battu jusqu'au sang
il te faudra apprendre à rester dans les rangs
pétrir les nuées,
ce jus d’humain
écarlate et bleu parfois
aux stries asséchées,
des paradoxes d’histoire
font les aubes béates,
se pencher au miroir tremblotant,
s’y voir et plonger la main
à tâtons y cueillir l’amour
viens,
il traine ici des relents de soufre,
ces nuits d’uniformes
de cagoules et de coups,
palper les vides,
filets d’égoïsme, d’ignorance,
gris et encore cramoisis,
villages bombardés,
vos crachats meurtriers font les différences,
aux arrières cours,
les limousines et costumes veillent,
cravates au fond des banques,
transis mais toujours à l’affut,
retrouver la rue,
le droit de dire, de se préserver…
viens,
on va se faire des baisers,
se toucher et frémir,
se plonger en iris,
dire caresses et mots,
faut surmonter comme excrément peut-être,
leur héritage,
leurs protocoles et tabous,
et si les gestes sont mêmes,
les échéances dévoreuses et lénifiantes,
ne laissent en germes
que déserts et murs,
sur la vitre,
méandres de pluie,
ta peau aux confins d’étoffe,
survivance éphémère et fragile,
faire avec l’instant…
viens
ne pas se perdre au fond des jungles,
aux chauds effrois du désert,
aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,
chercher le parasite au tréfonds du poil,
ces sourires édentés,
de sagesse, d’aride et de moussons,
les peaux se touchent, se mêlent,
engluées,
débris de marécages, forêts tatouées au bitume,
filets qui suintent, dépouillés de frémissements,
glaces orphelines et mourantes,
on tend même plus la main
pour dire au secours, pour connaître l’autre,
des bruits de sirène et de moteurs,
si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,
et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,
viens
traversons ensemble
la courbe de brume et ces vagues d’illusions,
dans leur coupe, le sang du sacrifice
tout comme la bombe dans l’autobus,
l’âme a perdu son âme,
à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,
englués de certitudes,
croix, croissant, étoile,
la mitraillette aux portes du temple,
et des voiles de drapeaux et d’armures,
derniers battements de cœur,
mais restent les légiférants,
et nous courbés, boucliers d’égoïsme,
muets et tremblotants,
voila quelquefois des mains qui se serrent,
les bouches fumantes des sillons chuchotent,
aux reflets aveugles des cités,
je suis à genou ?
peut-être avec toi,
juste au nom de l’humain…
...