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diaphane express

18 septembre 2006 1 18 /09 /septembre /2006 10:44

- dis papy, comment tu fais pour avoir un si beau jardin ?

- ah petit, la nature tu sais, c’est la plus sage, elle se suffit à elle même, regarde les feuilles mortes que je ramasse ou les épluchures de légumes de mamy et bien elles pourrissent et se décomposent, j’en fais un compost et après je le mélange à la terre pour la nourrir et l’alléger
- mais alors tu mets pas d’engrais comme les autres ?
- et non ! t’as déjà vu les paysans quand ils épandent dans leurs champs le fumier des bêtes, et bien c’est juste de la paille et le caca des vaches et le jus qu’on appelle lisier on le met aussi, il n’y a pas meilleur engrais et c’est naturel, ça redonne à la terre tous les éléments nécessaires pour bien faire pousser les plantes
- et là, tu fais quoi papy, tu vas te piquer avec les orties, ça fait mal !
- regarde, petit quand tu la prends par en dessous et que tu remontes et bien elle pique pas l’ortie, faut juste la connaître, tu sais je n’ai rien inventé, tout ce que je sais on me l’a transmis, on appelle ça la sagesse populaire, la tradition
- et tu vas faire quoi avec l’ortie, pourquoi tu la coupes et t’enlèves les feuilles?

- je vais te le dire mon enfant pour que tu le saches et le transmettes à ton tour et pour t’avoir expliqué ce que je vais faire, je risque 75 000 € d’amende et 2 ans de prison – tu vois je mets 1 kg de feuille dans 10 litres d’eau de pluie et je laisse le mélange pendant 8 jours environ, cela devient du purin, ensuite je récolte le liquide, tu sais ça pue, et je le mélange dans l’eau  que je projette sur les feuilles de mes légumes pour tuer les pucerons et les maladies ou alors j’en mets plus et j’arrose la terre et ça fait de l’engrais, tu comprends ?
- dis papy, tu vas pas aller en prison pour m’avoir dis ça ?
- si petit, je risque d’y aller, un décret en date du 1er juillet interdit de transmettre toutes connaissances, enseignement ou livre sur le recyclage de produits naturels non homologués, tu vois on modifie les gènes des plantes dans des laboratoires sans en prévoir les réactions et les conséquences, on donne à manger de la viande en poudre à des herbivores, on souille la terre de produits artificiels mais on a plus le droit de faire les choses naturellement – tiens rappelle toi cette phrase d’un grand chimiste qui s’appelait Lavoisier : «  rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », c’est ça la nature
- si ils viennent papy, je te défendrais !
- tiens mon enfant, prends un oignon et trois pommes de terre avec le reste des orties on va se faire une bonne soupe tant qu’on peut encore…

pour en savoir plus :
le décretla pétitionla réaction du spécialiste

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 14:25

11 septembre 2001
attentats contre les Etats unis d’Amérique : 2749 morts

11 septembre 2006
Irak :
Du 20 mars 2003 au 26 août 2006, les Etats-Unis ont perdu 2592 militaires, dont 2025 par fait de guerre. Ces chiffres résultent d'une exploitation des données détaillées publiées par le Washington Post (le 1er septembre 2006, ce journal indiquait un total de 2614 tués. Ce nombre inclut des militaires dont le nom n'a pas encore été révélé, ainsi que des employés civils du Pentagone)

et puis les civils : Bagdad : 1584 morts violentes en août
100.000 civils irakiens sont morts à la suite de l'intervention US en 2003

certains chercheurs estiment à plus de 200 000 le nombre de civils morts sur les deux conflits

Afghanistan : militaires ou civils, il est impossible de connaître un nombre approximatif des victimes, on sait juste que la guerre reprend, plus de 200 morts samedi 26/08/2006

voilà si ce n’est pas déjà fait maintenant, M. Bush aura tué à lui seul autant et plus d’américains que ne l’aura fait l’acte terroriste du 11 septembre 2001

11 septembre 2012
inauguration officielle de la Tour de la Liberté ,
dessinée par l'architecte David Childs, de l'agence SOM. 
541 m de haut, le plus grand édifice au monde, l’orgueil américain perdure, la leçon n’a pas été comprise

je n’aurai pas l’indécence de faire des additions
le lecteur est libre de penser comme il l’entend

à lire :
- Pouvoir et terreur - entretiens après le 11 septembre / Noam Chomsky / Le serpent à plumes
- L'autre Amérique - les Américains contre la guerre / compilation d'auteurs américains / textuel

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6 septembre 2006 3 06 /09 /septembre /2006 21:59

de toutes façons là ou ailleurs
les nuits sont toujours les mêmes,
si je baise ce soir ce sera toujours ça de gagner contre la mort
à l’entrée d’Hidden hills ça puait l’urine, il y avait du verre cassé comme tapis rouge
Paul m’a dit que c’est un mec bien, qu’on allait s’entendre
le son était pourri mais c’est du blues alors j’ai rien dit
je l’ai vu tout de suite
déjà il tapait la bouteille
sa chemise entrouverte sur son torse de colosse
je voyais la sueur en filaments glisser de sa nuque et s’accrocher à l’étoffe
oui, je vais me le faire, j’aime ces types qui en ont qui en dégagent
- hey mec c’est moi, Janis
Jim s’est retourné, je l’ai vu dans ses yeux, je faisais l’affaire
sur les sofas auréolés de taches de gerbes et d’alcool séchées, une bande de freaks apeurés devaient jardiner le peyolt sur Mars ou Neptune
- tu sais on m’appelle Pearl aussi, c’est le nom qu’on donne aux putes par chez nous
Jim éclusait, son visage rougissait sous l’effet du liquide, moi j’attaquais ma première de Southern, on était comme deux cons un peu timide et impressionnés par l’autre,
il est beau ce type, putain il en met
Paul s’est mis à l’écart, je le voyais nous mater trop heureux de réunir deux grandes gueules du rock peut-être aussi parce qu’il craignait la suite
c’était de ces nuits de ouate brune et troublée, de fines tentures psychédéliques étaient accrochées pour cacher la lèpre plâtreuse des murs et les néons délavés injectaient des reflets criards aux volutes sombres de la fumée
la voix de l’ogre s’amplifiait à mesure que les verres se vidaient, je ne saisissais pas tous ces propos, il me parlait de lézard, d’aura et de contre-culture, je le sentais partir dans un désespoir ou grandissait l’agressivité
merde je veux juste baiser, j’veux pas de pseudo délire orgasmique, non, rien qu’une bonne queue pour oublier ma peur et cette putain de solitude qui me ronge
c’est foutu pour ce soir, j’en ai marre de ce bastringue de ringards friqués et je vois soudain Jim commencer à cogner un mec, il en impose avec sa carrure de géant, ses mèches frisées qui lui poissent le visage, le type à terre s’est relevé et s’est tiré
- lâche-moi, mec, t’es trop speed, prend un truc ça te calmera, non c’est foutu, fais pas chier
plus je le repoussais plus il en demandait, appuyé sur le bar, titubant il cherchait encore à saisir des bribes de vie comme des bouées avant les voiles torturées du délire
j’ai traversé la salle, suis allé voir Paul
- tirons-nous, j’en peux plus
dehors sous le halot du réverbère, deux junkies se faisaient un fixe, on est monté dans la voiture et j’ai entendu Jim qui beuglait en cognant sur le carreau, il a ouvert la porte m’a tiré par les cheveux, merde mes plumes
tu sais quoi, j’ai pris la bouteille de Southern et je lui ai fracassé sur la gueule, j’ai vu Jim osciller et s’écrouler sur l’asphalte, j’ai regardé Paul, inquiète
- t’en fais pas, il va s’en remettre, la violence, il connaît, il aime ça
le lendemain, Paul m’a appelé, il était allé voir Jim en répétition
- tu sais ce qu’il m’a dit, Janis, que t’étais une femme géniale, grandiose, qu’il voulait te revoir mais quand il m’a demandé ton numéro de téléphone, je lui ai dit que c’était peut-être préférable de laisser tomber et je l’ai senti anéanti

 

( librement inspiré de Break on through : The Life And Death of Jim Morrison / Riordan James et  Prochnicky Jerry )

« Je suis un être humain, sensible, intelligent, affligé de l'âme d'un clown qui me force toujours à tout gâcher aux moment les plus importants » - Jim Morrison 
« Sur scène, je fais l'amour à 25 000 personnes. Après, je rentre à la maison, seule. » - Janis Joplin

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6 septembre 2006 3 06 /09 /septembre /2006 21:06

il est des moments de pertinence nécessaire
de frissons à la voix conscience
qui nous éveille, nous réveille
un piano comme béquille
et des mots qui résonnent
toi que j'aime
je n'étais rien ou bien quelque chose qui s'en rapproche...

s'il te plait, écoutes, écoutez
juste deux minutes quarante cinq secondes
il y a plus que des discours
il y a les mots
et tellement d'amour
merci Abd Al Malik

dewplayer:http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/15/86/22/l--alchimiste.mp3&

musique : Abd Al Malik / l'alchimiste / Gibraltar

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4 septembre 2006 1 04 /09 /septembre /2006 20:53

allez viens,
je veux juste faire un bout de chemin
avec toi
je dis tu même si je pense vous
tu es plus proche
que ces ombres assoiffées
qui tous nous hantent et nous rongent
je veux respirer, je veux vivre et voir des yeux rieurs m’observer, des accents, cris de bouches, semer encore la terre et les couleurs du monde, et cette voie de rocaille parsemer le désert, nuages translucides, cocon liquide, l’effort salé du désespoir, le souffle du naseau
viens, me lâches pas
faut digérer le trop plein
gueulements de flics et d’ambulances
des carrés, des cubes, l’indécence urbaine
agressive et criarde
au fond des couloirs ou sur canapé frileux
coincé, engoncé au survivre narcissique de l’espèce
on s’argumente, on s’alibi
naufragé obligé aux cycles du remous
viens, nous lâchons pas
on aspire tous les deux à cette aube plus bleue
un plus un égale deux
je veux croire encore aux tourments de la peau,
aux messages de la pierre et de ses oripeaux
le canon étouffé
sous le chant de l’oiseau
et le mot liberté
tatoué sur nos peaux
viens, me dis pas que je suis seul
il y a l’autre affamé
et celui sous le fer
et l’enfant déchiré et le travail des mères
le soldat obligé et le sang, la misère
non,

on reste pas muet devant tant de colères
dessinons tous les deux
des couleurs sur les ruines
c’est maintenant ou jamais
semer ou récolter
je m’égare, m’illumine
sous l’éclat du programmé populaire, j’erre et j’observe, jungle apeurée, courbée et silencieuse, comme ces tournesols fatigués de soleil, j’entends leurs voies vengeresses et cruelles, je suis dedans,
t’es avec moi…

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27 août 2006 7 27 /08 /août /2006 10:24

les murs sont sales certainement
murs de passion, murs de mort
le temps s’approprie les battements du cœur
celui qui reste
trouant ce silence pénitentiaire
les mots-amour, les mots-colère
résonnent toujours
aux parois de lait comme une peau froide
effleurements de corps et souvenirs
fantômes hirsutes de regrets
la couche est tombeau
à celui qui reste
purgatoire peut-être
à celle partie
au bout des nuits traînantes
le goût des haleines et la sueur torturée
tellement loin des luttes
et des notes échangées
le ciel est sale certainement
ciel de pourpre et de bleu
déchirant les barreaux
d’un départ sans adieu
et qui perce l’image
et qui perce le son
des figures, des visages
une vie et deux noms
les couloirs de l’absence mènent aux portes murées
camera sans bobine, une guitare oubliée
et l’étreinte inachevée des amants séparés
qu’un destin capricieux a voulu emporter

à Marie, à Bertrand

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26 août 2006 6 26 /08 /août /2006 09:12

souvenons-nous la nuit du 4 août 1789, l'Assemblée nationale constituante vota l'abrogation des privilèges

avant que le grand carnaval des acharnés du pouvoir ne commence (quoique il soit déjà bien entamé) peut-être Messieurs les encravatés serait-il bon que vous relisiez le texte suivant, il s'appelle : La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que leurs actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.
En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.

Article premier - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Article 2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.
Article 3 - Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.
Article 5 - La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
Article 6 - La loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens, étant égaux à ces yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Article 7 - Nul homme ne peut être accusé, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi doit obéir à l'instant ; il se rend coupable par la résistance.
Article 8 - La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.
Article 9 - Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.
Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.
Article 11 - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
Article 12 - La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée.
Article 13 - Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés.
Article 14 - Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.
Article 15 - La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.
Article 16 - Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.
Article 17 - La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

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21 août 2006 1 21 /08 /août /2006 14:35

c’était un 18 mars, il y a vingt six ans

c’était un 23 septembre, il y a vingt trois ans

toi mon fils, toi ma fille

un lézard se fige sur l’ocre du crépi, je regarde le café en volutes dessiner dans la tiédeur matinale d’étranges fantômes bleutés, j’étale doucement le beurre sur la tartine, cette table posée entre route et rivière, ce jour naissant, toi mon grand, parti travailler, toi ma puce, encore lovée dans les bras de ton cher, je voudrais le temps s’arrêter, faire fi soudain des drames et même des bonheurs, là maintenant, en ce matin clairet d’août, sortir avec vous, nous fuir à trois, mais nous sommes déjà tellement osmose

je suis animal, narines à l’affût, oreilles tendues, juste après le pont, ronronnement du flot qui chute et s’amenuise sur la pierre, vos regards comme tatouages aux brumes de mes iris brouillés, je suis tremplin, sas, écluse et témoin

plus tard la nuit transgressée, nos mots pudeurs comme des cailloux d’amour posés discrètement au cœur de l’autre, nos vies à échanger, partager, l’ombre des disparus qui nous resserrent encore, pour toujours, un verre renversé, un peu de semoule sur le tapis et l’aube coquine qui nous rappelle

le lézard, disparu, une sauterelle au vert esquissé s’interroge aux affres d’une nervure confluente, je laisse la brûlance  noirâtre creuser mes intérieurs, je vous sais prés de moi, si peu de temps, je nous vis, m’abreuve de vos délires, de vos musiques, de vos histoires,

je suce le présent, n’en voulant rien perdre, ce jus d’amour, anonyme, incandescent, nourricier, façonner ces instants comme l’embryon d’édifice aux moments du déclin

toi mon grand

avec cette démarche un peu gauche, ce regard tendre même sous l’apparence, nos bagages de souffrance, les révisions d’histoire, Iggy comme premier concert, ta solitude d’errant las qui voudrait se poser, tes doigts sur les platines et le son comme fuite, le chien qui te regarde, confiant et complice

toi ma puce

toute de beauté frémissante, ce cœur écorché et béant sans apparence, nos bagages de souffrance, les cahiers de français, Camille et ses mots comme partage, ta voracité de vie qui veut se construire et être, ton sourire et tes mains vers l’enfant comme passion, le chien qui te regarde, confiant et complice

je verse à nouveau le café tiède et observe hébété cette coulée de nuit au fond de la tasse se répandre et attendre immobile le fracas cerclé du sucre en offrande, une guêpe, exploratrice insolente se rapproche, prudente, du cristal envoûtant

je suis miette de temps, en sursis, égaré, je jouis de l’instant, voudrais le retenir, l’enfermer pour le faire renaître aux moments de déclin

je sais les rires au creux du crépuscule, ces pétillements d’amour, ces mots, ces mains offertes, ces étreintes trop brèves aux balbutiements de l’aube, je laisse mon égoïsme happer l’instant, s’abreuver à n’en être jamais assouvi, mes deux sangs, vous êtes là, ensemble et je ne veux pas me retenir de vous aimer, laissez-moi encore un peu d’artisanat à votre devenir

c’était un 18 mars, il y a vingt six ans

c’était un 23 septembre, il y a vingt trois ans

 c’était hier aussi…
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20 août 2006 7 20 /08 /août /2006 09:33

clavier

comme une main que l'on serre et retrouve

aussi le fait d'être seul, on ne peut écrire autrement

comment allez-vous ?

ce jour, cette nuit, l'esprit tellement empli et soudain si dépouillé

le murmure de la rivière celui plus prétentieux du fleuve

le rouge de la brique érigé en édifice

devenu rosé au fond du verre

au bout des paupières, l'angoisse en errance

l'oubli furtif, teinté naïf et amnésique

et puis

l'onde tiède du courant qui pousse et libère

l'histoire au fond du vitrail et du silence

l'éclat d'un rire aux gorges de la nuit

les aubes troubles, promesses et testament

musiques et voix

fragments d'existence recueillis, volés au temps

viandes grillés, piqûres d'autochtones ailés

ce pli du sourire, rictus égaré si peu usité

et l'onde encore, son murmure dessous la fenêtre

clavier

doigts fébriles, derniers témoins

qui cherchent l'obligatoire

tandis que l'esprit vagabonde

reste à vider les bagages

 comment allez-vous ?
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4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 06:04

bon je vais ranger un peu le bureau avant de partir, les femmes de ménage ne peuvent savoir que mon désordre est « organisé » - drôle d’impression, j’en aurai presque un sentiment de culpabilité, qui a dit lobotomie du travail ?

allez je quitte ce sombre couloir et les sourires hypocrites qui le hantent, je pousse la porte, ah oui j’ai oublié de pointer, ça y est, Messieurs je suis absent désormais

dehors comme un air de liberté, me faudra quand même quelques jours pour savourer pleinement ce transitoire détachement

voilà l’escalier, cet étrange escargot nous mène ou j’habite en haut, au deuxième, venez, je vous laisse les clés, c’est mignon chez moi vous verrez, vous connaissez déjà les masques, ils sont vos amis – bon c’est petit mais les poutres apparentes donnent l’illusion d’une fermette ou d’un chalet montagnard, allez faut toujours rêver un peu

je vous ai laissé un peu de fromage, de la moutarde, de la confiture et une bouteille de rosé dans le frigo, ah oui il y a aussi du chocolat noir sur l’étagère et quelques carottes dans le bac à légumes

ici c’est une partie de la bibliothèque, c’est elle ma vrai nourriture, vous y trouverez certainement votre bonheur, de l’histoire, de la poésie, de l’ethnologie, du romanesque et un peu de géographie pour se repérer dans tous ces voyages – chaque livre a son signet, je n’aime pas que l’on plie les coins de page, ça laisse des cicatrices aux ouvrages – bon faites pas trop attention à la poussière, c’est juste un rideau de temps

la chambre est petite mais vous verrez, elle est calme et lumineuse et si d’aventure vous la transformiez en vaisseau de plaisir, le ciel est juste au dessus et la voisine du dessous est un peu sourde alors ne vous gênez pas – prenez bien soin de mon petit compagnon, c’est ma fille qui me l’a offert et je n’ai pas encore réussi à lui trouver un nom, laissez-moi un petit mot si vous avez une idée – dans la table de chevet à droite, vous trouverez de l’encens et des bougies et un recueil de René Char

bon, ben je vais vous laisser, j’ai enlevé le mot de passe sur l’ordinateur vous pourrez toujours me déposer un comm, ça me fera vraiment plaisir au retour, on est jamais très en forme dans ces moments là quand les yeux sont encore tout emplis de nuits blanches, de promenades et de découvertes et que la pointeuse nous attend

je penserai à vous, c’est promis, je reviendrai le 20

 allez je vous embrasse
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voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

city.jpg

viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

thailande.jpg

viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

sagesse.jpg

viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

auroville.jpg

...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...