Présentation

  • : Diaphane
  • : Ecriture, poésie, politique
  • Contact

au présent

50 ans
et ce petit cadeau

Chercher En Ce Lieu

mouvances

quand l'image appuie le mot
voyages, rêveries, musiques

Archives

diaphane express

15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 20:55

c’était une rue normale
une rue quoi, avec ses échoppes, ses couleurs,
ce grouillements d’ethnies pacifistes
je m’y sentais bien, ma peau et mes cheveux
enfin confondus
et ces effluves rebelles
qui font le sourire aux visages,
l’ailleurs on ne l’aime qu’aux étals
- tes papiers !
je me retourne, surpris et innocent
ils sont deux, un grand un petit
comme au cinéma
non, pas comme au cinéma
la suite ne se dit pas, la suite se tait
- alors ! ça vient ! t’es pas dans la jungle ici,
on a d’autres choses à foutre !
je lui tend ma carte en attente de confirmation,
juste une signature,
- ouais, tu nous suis et tu fermes ta gueule, négro !
il m’agrippe, me bouscule, me donne une frappe sur la nuque,
et d’un coup de pied au genou me fait choir
je me recroqueville sur cet asphalte puant la pisse,
relents de parfum et d’échappement
le bateau tremble, secoué d’ondes maléfiques
- écoutez-moi, vous avez vu, ici on prend pas les fardeaux
un corps de trop c’est une charge à exclure,
vous la voulez la côte ? alors fermer vos gueules !
parfois les mots sont bien vains
la mer s’est occupée de nous, la vague a fait le juge
et  l’orgueil du passeur si désuet soudainement
son regard me déchire
il est hautain et de haine
c’est ma couleur qui lui déplait
je dois le penser si fort qu’il m’assène son poing au visage
- bon, donne tes papiers et baisse les yeux !
c’est pas un black qui va faire la loi !
on a chaviré, j’entends encore les cris
que l’océan veut faire taire, le remous comme une gomme,
plus de capitaine, d’autres esclavagistes m’attendent
et que je ne soupçonne pas
ils sont démocrates et porteurs d’uniformes
et puis ceux de l’écran avec leurs belles cravates
ma terre tu me manques, c’est pas le paradis ici
- alors tu fais quoi ?
- je travaille dans le bâtiment, monsieur, je suis maçon
- arrête de me regarder, t’entends p’tit branleur !
- ben c’est juste pour vous répondre, m’sieur
j’ai pas fini ma phrase, j’ai juste entrevu
le pied botté se projeter vers moi
…………….       ………….
on a marché, des jours et des jours
parfois accrochés au toit d’un bus
souvent terrés à mendier l’essentiel,
une route de peur et de corruption,
de mort et de peur encore
- allez, tires-toi, c’est bon pour cette fois
je vais vers la sortie, doucement
- eh, négro, tu comptes ramener la famille ? !
au fond de ses yeux toute la puissance
de l’analphabète glorifié et soumis
j’ai retrouvé la rue
dans l’ombre et la nuit
pas de différence de peau
et ceux de ces heures si loin de l’intolérance
égarés sans pays non plus
même pas celui de l’âme
comme d’étranges fantômes
au front des refusés ils avancent, naïfs
leurs cris comme des pétales
flétris aux trottoirs et aux matraques
allez je vrille le texte, les mots
je suis français désormais
j’ai ma carte dûment signé
je suis toujours noir
et j’observe et subis
délit de couleur, mes proches plus jeunes
toujours suspects
mes amis du maghreb, tuméfiés et hostiles
à l’ignominie
et ces relents perpétuels
de racisme et de différences
les biens blancs du pays et ceux d’ailleurs
forcément agresseurs
je sui français ben j’aurai pas dû
j’ai honte,
des patrons propriétaires de presses, d’industries
qui jouent avec l’équivalent du budget de mon pays,,
le maniement sournois d’une icône omniprésente
et dangereuse
ma terre d’origine toujours en suspend
et des rues policées aux faciès comme passeport
comme droit de vivre,
le vent tiède et chargé serpents et gazelles
vous tomberez
il leur faut sonder le sang, ils n’en ont pas assez versé !
ils fonts des grenelle et des commissions
et les cris étouffés
sont loin d’aveugler une presse ronronnante
même leurs syndicats s’abreuvent au patronat
pour compenser le manque d’engagés,
l’argent, celui de l’ombre
et de la trahison
là, j’étais à vélo quand ils m’ont arrêté
j’ai rien grillé, je suis pas sorcier ni cannibale
je suis noir
gentil, lucide et fier
- j’ai rien fait de mal m’sieur !
encore la même peur, regrets zébrés
aux affres des présents
j’ai couru, mon cœur en souffles demandeurs
ce soir c’était mon jour
certainement
au filet du caniveau ma bave et mon sang
et le reflet des badauds
j’ai senti l’haleine de la terre
et le pouvoir des hommes,
le long du canal
des tentes alignées…

Partager cet article
Repost0
9 septembre 2007 7 09 /09 /septembre /2007 20:12
toute cette brume
je sens la main balayer en semeuse aveugle cette ombre d’ouate
au travers le volet, l’écho du chargement des bennes sur le camion
et la main qui tâtonne
ici pas de bouteille de lait au seuil des portes
ou de bols de riz à des moines oranges au sourire béat
le compteur qui grésille
et la couche glacée de solitude
peut-être
la moiteur peureuse du fond des jungles aux abysses du drap
tous ces cris étouffés accrochés à la glaise
je tire la main vers l’appui potentiel
ici l’intemporel, l’édredon du fantasque
un chien aboie qui crève les murs de la métropole
toute cette brume
et la main qui cherche
des paquets de temps chutent des remparts
un soleil flasque déformé aux vitrines
et les naseaux fumants d’égouts nauséabonds
sur ces trottoirs liquides, reflets de nos boitements
j’aperçois l’insipide de nos leurres et manquements
ici le frissonnement des dermes effleurés
les promesses chuchotées et cet abandon furtif
qui fait de l’autre une nécessité
peut-être
toute cette brume
je fais la main qui touche, qui palpe l’élément
on est tous tellement les yeux crevés, aveuglés de nous même
un peu beaucoup passionnément
des écharpes lascives tissent leurs méandres
l’info comme des minutes qui observent l’enfoncement
et la main qui caresse, les bouches qui se touchent
accouché de l’étoffe, du cocon sensoriel
je me hisse vers le bruit
les regards formatés, les mots de circonstance
une peau de froideur s’enroule et puis m’enserre
ici l’indécent de l’être parallèle
toute cette brume
oui lave-moi, ôte toutes ces souillures
laisse-moi juste les rides
celles gravées en cicatrices d’argile et de silex, des sillons d’infortune
gynécée de labo aux graines mutilées
et celles du miroir comme l’unique escalier
peut-être
je tends la main, l’offre à l’étreinte et au recevoir,
et verse silencieux le café dans le bol
Partager cet article
Repost0
22 août 2007 3 22 /08 /août /2007 21:08




et alors
oui j’étais tout jeune, treize quatorze et alors, il y avait peu de télés, j’en avais pas, juste le transistor, plus que complice, dépendance, un voix, de la musique, avec les livres, la seule ouverture vers l’ailleurs
déjà ils avaient pris le sac et glissé sur l’astre, l’encens et l’herbe en bouquets utopiques et fraternels, déjà on consommait c’était la même désespérance avide et le socle du refus, être, avant de produire et d’avaler, se savoir commun, partie du nombre, les pavés en témoignent et les encravatés bousculés, perdus face à l’élan de ceux qui se couchent devant les canons et posent des fleurs à leurs gueules, vos gueules
et alors
mes vingt ans fleuraient bon ces embruns humanistes même si le no futur se voulait justement le futur, quatre heures du mat quand le rêve s’éparpille et là derrière cette glace de restaurant le geste des parents qui nous désignent, surtout fils ne sois jamais comme ça, c’est quoi cette tunique, ces cheveux longs et cet air béat, c’est pas avec ça qu’on redressera le pays, rien n’a changé si ce n’est l’intolérance, la même étroitesse hermétique et dangereuse, celle qui aime la peur parce qu’elle la rassure
et alors
peace and love, je sais ça fait marrer, oh l’autre, hé ! Lennon envoyait un épis de blé à tous les dirigeants de la planète, et écrivait : « war is over », le summer of love a laissé des petits avant que Lennon n’écrive : « dream is over », tous ces héritiers désormais muets, l’attaché-case, le bureau ou derrière la machine avec cette logique désuète de l’homme uni, se taire par dépit, lucidité, désespoir, en tous cas se taire, ils s’aiment et s’embrassent, flirtent avec la source, baiser de boue et de son, d’échos larvés de silences et d’écoutes bientôt de râles et de cris,
laisse-moi t’étreindre et t’offrir les mots qui suivent




ça fait quoi d’hurler à se cogner la tête sur la pierre de tombe
d’être muet au dernier quai, mugissement de rails
de baver l’écume portée de vent à l’horizon de brume
de froisser le papier et ses mots d’organe
ça fait quoi de voir l’enfant, le frère, l’ami, tous amnésiques
de s’apprendre à devenir ombre
de n’être que service, silence et discrétion
d’effleurer le plaisir et d’apprendre à faire semblant

excusez-moi, je me réveille seulement
il y a juste une porte en face et je ne sais ce qu’elle réserve
laissez-moi, avant de l’ouvrir, jeter au souvenir ce qui fut mon présent
je marchais, l’hyper centre se prélassait, une guitare au coin du magasin, une basse et un batteur au bas du beffroi, une chorale au pied de la cathédrale, anonyme et distordue, il était fini le temps des devoirs mais ils m’avaient appris Prévert et Baudelaire, Arrabal et Gogol, quelques néons discrets, mon père discourir une fois de plus sur l’inutilité des cheveux longs et moi déjà absent – c’était quoi, je sais derrière la porte, les impatients sceptiques, c’était le temps de vivre avant l’individualisme qui vous régit désormais, Leary, Watts, Lancelot, Prévert nous portaient verbalement alors que les Stones, Young, Joplin, le Zep ou Crimson. nous offraient la musique, une culture, oui des femmes posaient des bouquets aux bouches des fusils, dans les festivals les flics prêtaient leur casque pour la photo et vous guidaient lorsque vous étiez perdus, l’âme de la rue et du cœur encore vivante
et pourtant,
toujours les conflits, les guerres, parties intégrantes de la connerie humaine et l’espèce coupable s’abreuve d’alibis, il n’empêche que l’humain était encore la norme…
alors qu’en périphérie la ceinture de révolte se bâtissait, les artères urbaines naissantes se façonnaient aussi au nom d’un nouveau mot : l’urbanisme
les fleurs fanent tôt ou tard et les pétales comme d’éphémères espoirs chutent au sol, plus que mourantes, villes  vertes, on disait déjà ça, alors vélo et tramway, c’est à la mode
un autre monde arrive, et c’est encore moins le mien

ça fait quoi de voir se bâtir, baigné de profits et d’inconscience

un décor qu’on rejette, juste un miroir, nos égarements distordus mais c’est l’âme qui manque, les cris étouffés ne seront même plus souvenirs,
le sang du pauvre désormais renié
ça fait quoi de se voir absent, bientôt, déjà fardeau aux engrenages
on vous demande pas d’être humain ou réfléchi
juste obéissant, t’as compris on s’en occupe
d’effleurer le plaisir et d’apprendre à faire semblant
alors j’ai ouvert la porte, celle du temps qui file
j’étais bien éveillé à la sagesse et l’humilité
laissez-moi, laissez-moi encore hurler ce vide naissant et désormais irrémédiable, ce je dictateur, de l’état au lambda,
je marchais, l’hyper centre sécurisé, caméras, verrues délatoires aux façades, aux carrefours, aux angles des couloirs, et puis des uniformes de couturiers et des primes au rendement, police qui traverse la ville comme dominatrice et intouchable, manque que les chars, on y viendra peut-être, portique électronique comme bienvenue en magasin, un piano muselé au fond de la ruelle, l’aspiration et le constat écrits en désespoir sur les murs, derniers rappels aux bienfaits des couleurs, ultimes signes de vie, la pierre toujours en parchemin comme ceux des grottes, une voiture arrêtée frissonne aux résonnements saccadés d’un slam, témoin et soumis, ou sont les fédérateurs, les assembleurs, des tags hirsutes, quels noms pouvoir dire, quel but sociétal afficher aux panneaux, à l’encontre de la consommation pure, dites, ou sont les poètes ?
et pourtant,
toujours la chair volontaire et celle anonyme et meurtrie, Orwell l’avait dit, le scan au fond de l’iris, les Pistols l’ont hurlé, le rap des caves s’en nourrit, les périphéries victimes d’elles même s’enflammaient, avenues grouillantes, silhouettes aveugles qui monologuent, boites noires greffées à l’oreille, regards-défis, baisser les yeux comme taire son refus, c’est la paye qui dirige, allez zap…, des jonquilles, des géraniums et au caniveau des lambeaux de chiffon, enfants de laine pardon de l’haine, la casquette comme drapeau, des mots et de la peinture en gueulantes ultimes et puis des uniformes comme des frontières…

ça fait quoi de se voir poser des mots sur un clavier aux intimes de la nuit, ce sont certainement des larmes déjà toutes sèches, des souvenirs devenus hiéroglyphes, des actes et des visages au détour de l’écume, une goutte sur le pavé, il y a des notes que la voûte renvoie et qui caressent nos douleurs,
 

 

 

 

 

 

 

 

et alors
ça fait quoi de décrire, et de conter
juste continuer d’être

we are one

Partager cet article
Repost0
12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 10:04

là tout seul
cette table vide, juste mon assiette,
salut Léo
tu viens voir ma gamelle, tu viens me voir, sous les pavés y’a plus rien, ma révolte se meurt, suis-je encore, des enfants qui vendent leur âme pour se modéliser, se fondre à l’anonyme, je regarde le ciel et ses traces qui enflent, tatouages furtifs de ceux qui s’envolent vers d’autres horizons et ma bouffe froide que je me force à ingurgiter, on dit que c’est pour survivre, comment t’es là haut ?

là tout seul
cette maison, juste une escale
salut Jacques
toi tu sais peut-être , ce pays tout plat ou le ciel est si grand, ces clochers de fortune ce mesquin habillé d’alibis et ces castes d’occident que personne n’entache, plus ça devient vieux, plus je me sens seul, t’as pris les îles, les bateaux ne voguent pas sur l’asphalte, le cri des gamins aux pieds des tours et mon assiette figée, festin d’insectes, on dit bien qu’il faut vivre même si on sait pas pourquoi, tu vas bien là haut ?

là tout seul
ce lit froid, juste une passerelle
salut Daniel
tes cris se sont fondus aux miens mais la bouteille s’est cassée, même incompréhension même solitude, les vagues nous balancent leur écume d’égoïsme et l’on fend le flot sans savoir ou l’on va, oui la vie ne nous apprend rien, juste à s’y faire, planter là et s’adapter avec patience et aveuglement, mutisme et lucidité, ou sont les bons et les méchants ? dans l’assiette, restants d’excès, miettes larvées d’écoeurement, c’est supportable là haut ?

là tout seul
cet encrier tari, juste un manque
salut Claude
tes mots m’agrippent, ma ville n’est pas de pierres roses mais sa banlieue embrasse les favelas, sans la fête, sans les couleurs, et c’est bien un ring qui nous encercle, la brique  redessine l’horizon si loin du bleu lavande et du chant des grillons, juste une plume d’ange qui cherche à se poser, un sax qui traîne et mon assiette  soudain blanche, dis, on s’y fait là haut ?

là tout seul
avant que les doigts ne se figent, juste un sursaut
salut Edith
les mots n’osent venir, tu as tout dit, au fond de ton timbre, tout l’humain qui s’abreuve, méat avide, saignements d’amour piétinés sous la foule, l’hymne à l’ego s’enfle et se répand aux dédales de consciences asséchées, les amants se consument sous une lune souillée et les notes dépourvues se brisent aux matins froids, ils te laissent chanter là haut ?

là tout seul
l’assiette posée au sol, juste un chien qui s’approche…

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2007 1 09 /07 /juillet /2007 19:54

je vous écris, je ne fais que constater votre présence
vous êtes si discrète, invisible dans vos actes
vous gérez l’humanité en quelque sorte,
les vases communicants de la vie
le sang que vous savez si bien ôter
ou tous ces maux malins qui rongent
et dont vous gérez si bien le déploiement
je dis, j ‘écris « si bien » comme un exorcisme
vous maîtrisez si bien le mal
celui des nuits de douleurs
murs blancs et qui résonnent
blouses blanches encore comme innocentes et sereines
préparation au grand éclair peut-être
mais vous êtes aussi au bout de la corde ou du canon
comme le fleuve
votre flux qui se nourrit de nous
je vous écris pour vous dire : mais qui vous guide ?
mon amie, petite bout de femme qui se balance au fond du jardin
mon ami, je l’ai accueilli lorsqu’il entrait au monde du travail
mais quels sont vos critères pour choisir telle ou tel
vous m’épargnez parce que j’ai tué et que je vous ai servi
je vous écris pour vous dire que je ne vous crains pas
juste la douleur qui vous précède parfois
et puis vous dire qu’un enfant bombe
pourquoi ça existe, vous n’avez pas honte ?
je sais, c’est vrai que vous n’avez rien à inventer
nos consciences sont si prolifiques
vous n’avez qu’à vous servir dans le sournois et l’ignoble
même pas au fond de nos âmes noircies
juste une caresse ou un baiser
je vous écris pour vous dire que je sais notre rendez-vous
épargnez-moi la souffrance
j'ignore si je rejoindrais ces absents qui m’affectent
et ce que vous m’offrirez
je vous écris madame, sans prononcer votre nom
vous avez la fierté de la certitude et de l’irrémédiable
vous n’êtes que patience et joueuse
et nous
juste des pions qui attendent votre bon vouloir
…………….. …. .

Partager cet article
Repost0
16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 06:18

on disait rien dans le village, on savait la lune engendrer sa silhouette près du ruisseau, comme des rires d’enfants derrière le buisson, les rideaux jaunis se fermaient au crépuscule,
j’vous jure monsieur le commissaire, j’ai rien vu, rien entendu
il y a des crapauds de médisance qui gerbent des bouches des biens assis, des serpents enflés de haine et de non-dits à l’ombre des lèvres closes, le vent balaye cette bave nauséabonde, mais l’obstination du temps et de l’hermétisme humain la ramène
à l’épicerie on jasait, au bar on jurait, à l’église on ignorait,
on la connaissait cette ombre marginale, avec son pas titubant, incertain, timide, il est certainement venu pour le chantier,
s’en moquent-ils les elfes, les Mélusine égarées qui veillent aux clairières, des relents de peau, tellement si loin, il écoute le clapotis, et parfois la plainte mouvementée d’un étrange ressac, méandres parfumés,
j’vous jure monsieur le commissaire, j’ai rien vu, rien entendu
la torture liquide serpente et gonfle, ronge la pierre, il ne pleut pas, le flot peut porter l’impossible, des rires oui il y en avait, les ramures près du saule ne frissonnent plus,
mais l’enfant de qui, comme des cris aux creux des reflets, rejets bouillonnants,
il y a tant de mensonges sournoisement distillés aux rectangles bleutés, et la feuille qui se colle au courant qui s’émancipe, les rires enfouis jusqu’au grognement s’inclinent aux caprices de l’onde, et les mots se noient, sang noir aux troubles du temps
à l’aube les rideaux sont restés fermés, l’épicerie, le bar, l’église, tous vides
ils ont dit que c’était lui, il allait toujours aux bords du ruisseau et il paraît qu’il connaissait sa mère, qui vivait au village, j’vous jure monsieur le commissaire, j’ai rien vu
et après ?
on n’a jamais retrouvé ces éclats de vie, de voix
lui, ils l’ont emmené, il pleuvait, …
il paraît qu’il la pleure…

Partager cet article
Repost0
3 juin 2007 7 03 /06 /juin /2007 07:29
un drôle de long voyage
changer les murs
se créer avant les aléas maussades de l’avenir
un chez soi à soi
retrouver les touches du clavier
compagnon de dialogue vers l’invisible
et l’inconnu
une autre pièce, une autre chambre
mais comment
mue par une force obsessionnelle et inconsciente, cette maison a changé d’identité
le papier s’étale et referme la pièce
le bras tremble et l’escabeau craque
les rainures du pinceau qui doivent s’effacer au séchage
un drôle de long voyage
comme porter
une force discrète et puissante
mais d’ou vient ça
fenêtre ouverte et qui s’habille au grattage
après tellement de gestes répétés
le passé de l’édifice
couleurs et matériaux empilés
l’intérêt avant l’entretien
la pierre demande respect
fenêtre ouverte encore
de ce coté, petites barres pour retraités
et là, les jardins intérieurs, entrevus
la terre, des couleurs d’homme
des arbres timides qui percent l’horizon
au delà des toits
retrouver les touches du clavier
comme percer la coquille
l’œuvre si modeste soit-elle est en cours d’achèvement
les jours s’enfilent et la fatigue enfle
allez, oublier ce plancher ouvert
ces papiers muraux accumulés
doucement la couleur s’approprie les lieux
le matériau donne une nouvelle peau
au sol, aux murs, aux espaces d’accompagnement
et comme portés d’une énergie jusque là oubliée
sans comprendre vraiment de qui nous sommes les artisans
nous bâtissons l’autre identité
c’est presque l’âme, l’ossature qu’on effleure
même les odeurs changent
ce soir, la danse des oiseaux sur l’herbe humide
le chien soudain propriétaire et qui l’a bien compris
à marquer son territoire
un drôle de long voyage
un texte de Transpoting au mur comme premier affichage
et puis les masques avant les toiles
jours passent, fils, toile numérique coupés
pas encore d’habitudes et comme perdu
allez c’est pour la descendance
tout ce travail, même avec leurs indifférences
ils sauront reprendre l’achevé avec amnésie
c’est rien je l’ai voulu
 « la propriété, c’est le vol »
j’suis pas sur, c’est aussi la sueur
la main écorchée, le corps terrassé
d’autres métiers à ébaucher
l’ambition comme un désir aux relents testamentaires
restera des murs et de l’herbe
le vol des chauves-souris au crépuscule naissant
et l’autre moi
peut-être, petite reine affairée qui fait naître les couleurs
les éponges et la ponceuse ont remplacé les mots
même le lit est autre, vert pastel
derniers rangements, épuisé,
plus envie de prendre le recul,
même après avoir coupé les roses mortes
abandonnées depuis si longtemps
voilà, l’aventure ne fait que continuer
oui c’est une aventure
comme chaque souffle de vie et d’envie d’offrir
un drôle de long voyage
bon, m’sieur, j’ai fais c’qu’il fallait ?...
Partager cet article
Repost0
15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 21:14

Corba de Lantar était femme de Raymond de Perella, seigneur du château. Ce soir là comme tous les autres, elle avait franchi les hauts remparts de pierre et venait rendre visite aux parfaits miséreux dont les huttes de bois accrochées à l’édifice faisaient face au vide. Au bas, les feux des campements des troupes de Hugues de Arcis faisaient comme d’étranges lucioles, prémonition au drame à venir. Combien étaient-ils depuis dix mois, chevaliers et soldats de fortune à patienter au pied du roc ?

En ces temps de pénitences, Rome ne supportait plus ces hommes de noir vêtus traversant les villages et ce courant mystique qui défiait l’assise des prélats au ventre rebondi. Le clergé acoquiné à la noblesse et cette richesse souterraine au détriment du peuple, les dérives d’une église si loin des textes laissaient au cœur des âmes l’impression d’une foi à la dérive.
C’est le 10 mars 1208 que le pape Innocent III va lancer la première croisade d’une armée chrétienne contre un peuple chrétien. Il faut anéantir ces hérétiques qui se revendiquent d’un dieu non conforme à celui du dogme. Le sanglant Simon de Montfort et le prêcheur Saint Dominique vont par l‘épée ou la force du verbe tenter de ramener ces brebis rebelles sous le giron de la domination. C’est le 22 juillet 1209 au pied des fortifications de Béziers, qu’Arnaud Amaury dira à l’un de ses chevaliers lui demandant comment distinguer l’hérétique du catholique : - Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens. Il y eu les jours suivant prés de 20 000 morts sous les décombres d’une ville détruite.
Corba retrouve sous l'ombre des murs, Pierre-Roger de Mirepoix son gendre et chef de la garnison. Presque 250 hommes, dévoués et habités mais si peu nombreux face à l’armée du roi qui patiemment attend la reddition de ces infidèles. Depuis mai 1243, les croisés avaient entamé ce qui sera le siège le plus long de cette guerre génocidaire, cette forteresse dressée à 1208m de hauteur et pratiquement inaccessible. Il faut anéantir le dernier bastion de l’hérésie.
Mais pourquoi cette violence, ces morts, ces destructions systématiques ? C’est un moine allemand qui en 1163 emploiera pour la première fois le mot Cathare (catharsis : pur) mais aussi en allemand ketter (hérétique).
La papauté a peur devant l’ampleur de cette idéologie qui s’étend comme une épidémie et est si bien accueillie du paysan au penseur. Mais que disent donc ceux que l’on nomme bons-hommes ou parfaits ? Ils parcourent les campagnes, débattent avec les prélats, se mettent au service des pauvres et créent des communautés d’entraide. Transmettre la connaissance. Pour eux pas de manichéisme, c’est l’église qui entretenant si bien cette notion de Satan finit par le servir. Les démons ont détruit l’œuvre de Jésus et la doctrine enseignée s’éloigne de l’originelle. Chez les parfaits, pas de croix, le rejet des institutions religieuses qui servent l’homme plus que la foi. Ne vivant que de dons, ils ne mangent pas de viande, refusent toute relations charnelles tout en niant la différence des sexes et font leurs dévotions chez qui veut bien les recevoir. Après trois années d’initiation dans une communauté, le postulant reçoit le baptême spirituel ou consolament. La cérémonie est simple, après une simple imposition des mains, on y lit et décrypte le notre père et le nouvel entrant promet de ne plus mentir et de suivre les règles enseignées. De là, devenu un parfait, il pourra porter les habits noirs du converti.

L’été 1243 fut dure pour les assiégés. Les citernes se vidaient et les pluies se faisaient rares. Aux contrebas du Pog on eut pu entendre Hugues de Arcis hurler à ses hommes : - nous détruirons Montségur et ses impies. Les 500 hommes terrés dans la citadelle tenaient bon. La nuit, parfois, quelques habitués chevronnés et connaissant les secrets de la roche parvenaient à amener nouvelles et nourritures. Et puis vint ce jour de novembre, aidés du renfort de troupe venue avec l’évêque d’Albi, les assiégeants parvinrent à grimper sur une étroite plate-forme située sur la crête orientale à quatre vingt mètres en contrebas du château. Ils y hissèrent madriers, poutres et pendant que les tailleurs de pierre façonnaient les boulets, ils construisirent leur machine. La barbacane de bois qui avançait sur la crête fut rapidement détruite par les bombardements mais l’accès au château restait impossible. L’après Noël fut pire encore, d’autres croisés avaient réussi à s’emparer de l’autre barbacane de la forteresse, des montagnards basques au péril de leur vie et sous les ordres sans pitié de Guillaume de Puylaurens étaient parvenus à gravir les précipices escarpés de la montagne et engagèrent le combat. Le souvenir de l’assassinat de l’inquisiteur Guillaume Arnaud à Avignonet était plus qu’offense.
Mais Montségur demeurait imprenable et tous ses accès impraticables. Le moral des assiégés fondait comme la neige aux prémices de ce printemps de tourments. Corba ne vit pas un soir son mari et Mirepoix, donner à Matheus et Pierre Bonnet, simples hérétiques, deux gros sacs contenant, or, argent et monnaie. Ceux-ci disparurent dans la nuit et certainement aidés de la complicité de quelques soldats du roi allèrent cacher le modeste trésor de l’utopie cathare désormais agonisante et mander d’éventuels soutiens.
Au dernier jour de février, Perella décida d’effectuer une sortie nocturne pour s’emparer de l'autre barbacane et d’en déloger les croisés. La tentative échoua et un grand nombre d’assiégés moururent ou se traînèrent blessés vers l’enceinte. Corba et toutes les femmes encore valides apaisèrent les souffrants pendant que les parfaits donnaient les derniers sacrements. L’ombre de la mort enserrait l’édifice. Le 1er mars 1244, les 6000 chevaliers et soldats qui depuis tant de mois levaient les yeux vers cet éperon de pierre insoumis et rebelle entendirent résonner du haut du château le son d’un cor. Les derniers cathares se rendaient. Perella et Mirepoix demandèrent une trêve de quinze jours, le château de Montségur sera rendu au roi et à l’église, les soldats et civils seraient libres et n’auraient que de légères pénitences après comparaison devant les inquisiteurs et les hérétiques et parfaits auraient la vie sauve s’ils abjuraient leur foi sinon ils seraient livrés au bûcher.
Deux semaines s’écoulèrent, les écrits de l’inquisition rapportent que les biens furent donnés aux laïcs et aux hommes d’armes, qu’une étrange et sereine communion humaine régnait au château et que certains demandèrent le consolament. Du haut des remparts on voyait tout en bas les soldats bâtir une grande palissade de bois arrosée de résine. L’avant soir avant l’échéance, Corba alla embrasser ses deux filles et son fils infirme, puis elle descendit la sente qui mène à la vallée et alla se livrer.
Au crépuscule du 16 mars, Hugues de Arcy et ses croisés entrèrent dans la citadelle. Les non croyants descendirent les premiers, puis les malades et blessés tirés comme de vulgaires fardeaux et enfin les parfaits et les fidèles. Lorsque les hérétiques sortirent du château, Mirepoix, réussit à en cacher trois, Amiel Aicart, Hugo Poitevin et un troisième anonyme, il les fit évader dans la nuit avec pour consigne de protéger le trésor caché dans la foret.

Au pied de la montagne au lieu dit : champs des Gramatchs, des pieux et des pals retiennent les innombrables bûches et fagots de bois déposés sur un lit de paille. Guillaume de Puylaurens écrivit :
- on les invita vainement à se convertir. Mais aucun ne le fit. Cette nuit là, 225 parfaits et hérétiques périrent dans les flammes. Une aube de cendres odorantes et de visages hagards donnait à l’église de Rome et au roi de France le reflet de l’horreur et de l’intolérance. Les derniers hérétiques fuirent le pays vers la Lombardie puis plus tard vers l’est. Pourchassés, torturés, l’idée s’efface, les cathares auront à l’opposé de ce qu’ils offraient, engendré la machine la plus abjecte possible, l’inquisition. Bientôt viendrait la Réforme, le catharisme laissait un dernier héritage.

Partager cet article
Repost0
27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 15:27

- entrez, asseyez-vous, oui, parlez-moi d’elle, comment l’avez-vous rencontré ?
- je ne l’ai pas rencontré, elle a toujours été là, avant que d’être envie et découverte elle était comme cocon, toile qui palpite, d’amour et de possession, elle était source, bouclier et habitat, main qui caresse et apaise, souffle susurré, matrice de cœur, étouffements de tendre, c’est de ce reflet là que soudain est née une autre image, c’est là qu’elle m’est apparue de nouveau, autre et nécessaire
- bien, vous transcendez la mère, ensuite ?
- j’ai toujours eu peur d’aller vers elle, je la trouvais toujours belle, mes mains aveugles effleurent comme un vent cette laitance tendue, serpents coquins au versant de la cuisse, je rougis, je baisse les yeux et me laisse apprendre, oui je crois que c’est toujours elle qui m’a appris, le meilleur comme le pire, tiens je me souviens, le meilleur, on va jouer, allez celui qui gagne sera heureux, j’ai perdu et je la vois qui me regarde, on va partager le gain, aussi je me souviens encore, descente et tourbillons, meubles éventrés, elle était penchée, petit blazer gris, jupe droite et mon trouble destructeur qu’elle déchire en silence, l’air de rien et ma main dans la sienne
- vous parlez d’elle avec beaucoup de véhémence…
- attendez, je me souviens toujours, elle court sous l’orage, la pluie nous perce, l’herbe glacée pénètre nos émois et les confond en plaisir, je la vois encore, elle ramasse une feuille égarée, espiègle au manuscrit et se met à la lire, sa détresse lovée à mes mots et nos manteaux de solitude
- mais elle justement, comment vous percevait-elle ?
- je la pense, je la sais quelquefois se nourrir d’un fragment de moi, je la voudrais avide mais vite repue, je la panse parfois, l’infuse de mon fluide si tiède soit-il, osmose qui palpite, émotions parasites, j’entrevois, je désire, je survole et cherche à me poser, je tremble et je pleure aussi mais toujours avec elle, je la suppose se terrer parfois aux creux de mes ignorances et balbutiements, je ne puis être c’est sur que par elle
- et après, elle, jusqu’ou ?
- elle, toujours, elle, tatouée, organe dans l’organe, elle qui me porte, le pire  aussi, elle qui me regarde, acide, qui s’emporte des fois dans d’étranges orages, et puis qui me donne son crin et prolonge mon souffle aux fibres hérissées, je me souviens tellement, il en est de mon socle, de la brise qui efface, de ma main qui tâtonne et la cherche aux abyssales errances de ces nuits qui traînent et veulent en découdre, je l’aspire, lui mendie, l’écoute et lui cache parfois, je sais qu’elle sait, elle est là, tout prés, petite veilleuse si frêle et si ancrée
- mais qui est-elle vraiment ?
- elle est la veine hoquetante au tissu de ma peau, le ventre qui s’entrouvre aux larmes de la vie, le battement sourd d’un cœur qui mène à l’autre pas, l’abandon moite et suspendu des âmes apaisées,
elle est,…….l’amour

Partager cet article
Repost0
21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 22:30
ronge tes barreaux avec les dents
le soleil est là qui t'attend

si tu pouvais sourire encore
quand tes larmes seront séchées
les chagrins jouent avec les lois
et les lois jouent avec nos plaies
on aimerait te voir de retour
dans l'univers des survivants

ronge tes barreaux avec les dents
tes amis deviennent impatients


paroles / musique : thiéfaine
montage vidéo : nwardezir
voir aussi : noirs désirs

Partager cet article
Repost0

voyages immobiles

pétrir les nuées,

ce jus d’humain

écarlate et bleu parfois

aux stries asséchées,

des paradoxes d’histoire

font les aubes béates,

se pencher au miroir tremblotant,

s’y voir et plonger la main

à tâtons y cueillir l’amour

city.jpg

viens,

il traine ici des relents de soufre,

ces nuits d’uniformes

de cagoules et de coups,

palper les vides,

filets d’égoïsme, d’ignorance,

gris et encore cramoisis,

villages bombardés,

vos crachats meurtriers font les différences,

aux arrières cours,

les limousines et costumes veillent,

cravates au fond des banques,

transis mais toujours à l’affut,

retrouver la rue,

le droit de dire, de se préserver…

 

viens,

on va se faire des baisers,

se toucher et frémir,

se plonger en iris,

dire caresses et mots,

faut surmonter comme excrément peut-être,

leur héritage,

leurs protocoles et tabous,

et si les gestes sont mêmes,

les échéances dévoreuses et lénifiantes,

ne laissent en germes

que déserts et murs,

sur la vitre,

méandres de pluie,

ta peau aux confins d’étoffe,

survivance éphémère et fragile,

faire avec l’instant…

thailande.jpg

viens

ne pas se perdre au fond des jungles,

aux chauds effrois du désert,

aux spasmes du fleuve, tourmenté et haletant,

chercher le parasite au tréfonds du poil,

ces sourires édentés,

de sagesse, d’aride et de moussons,

les peaux se touchent, se mêlent,

engluées,

débris de marécages, forêts tatouées au bitume,

filets qui suintent, dépouillés de frémissements,

glaces orphelines et mourantes,

on tend même plus la main

pour dire au secours, pour connaître l’autre,

des bruits de sirène et de moteurs,

si loin de l’ocre cloaque des eaux nourricières,

et ces marbrures vérolées qui veinent l’argile,

sagesse.jpg

viens

traversons ensemble

la courbe de brume et ces vagues d’illusions,

dans leur coupe, le sang du sacrifice

tout comme la bombe dans l’autobus,

l’âme a perdu son âme,

à l’ombre de l’édifice, pèlerins affamés d’ailleurs,

englués de certitudes,

croix, croissant, étoile,

la mitraillette aux portes du temple,

et des voiles de drapeaux et d’armures,

derniers battements de cœur,

mais restent les légiférants,

et nous courbés, boucliers d’égoïsme,

muets et tremblotants,

voila quelquefois des mains qui se serrent,

les bouches fumantes des sillons chuchotent,

aux reflets aveugles des cités,

je suis à genou ?

peut-être avec toi,

juste au nom de l’humain…

auroville.jpg

...

Dans L'armoire

une présence

...un peu de douceur,
dans un monde de brutes...