non juste des limousines noires qui jettent quelques minutes, un homme, un femme, tous partis politique confondus, masques hypocrites d’émotions contenues bien tournés vers l’angle caméra, l’hommage à l’homme ne dure que trois jours et cette première journée n’est pas ouverte à ceux du peuple qui pleurent une personnalité unique, exemple sur bien des engagements, non, viennent aujourd’hui ceux du pouvoir, ceux qu’il a toujours voulu sensibiliser et qu’il a du combattre
au milieu de la pièce, un cercueil, une chaise, ils ont osé y poser la légion d’honneur qu’il a toujours refusé, blasphème, ils sont ministres sans mémoire, enflés de déréalité, combien de respect et d’action aux dépourvus dans votre ville monsieur, vous préférez payer, pas de pauvres dans mes rues,
le corps du désormais immobile, c’est celui d’un humaniste, d’un prêtre, d’un révolté juste, exhorté d’amour, et c’est aussi nous, au renvoi du miroir ou son reflet s’est tu,
et là, les encravatés sourds depuis plus de cinquante ans qui se singent, tellement rien et ignares du message offert, pitoyables de paraître sans même une éthique d’eux même
et puis le silence de l’église, il était abbé, mutisme aux relents d’inquisition, on torture plus mais on condamne toujours, monsieur le pape, vous ne dites rien de cet homme de foi et de son œuvre, oui c’est vrai, j’oubliais, il disait le mariage des prêtres, le port du préservatif et l’ordination des femmes, il a même connu la chair, c’est vrai que pendant qu’il cachait des juifs, vous donniez vos idéaux au service du nazisme, c’est vrai que lorsqu’il couchait dehors vous retrouviez vos draps de soie, engoncé dans votre mutisme vous souillez l’idée même de ce que vous revendiquez
il y aura foule demain, après demain, celle du cœur et du vivre et après il y aura silence, mais hélas, tous autant que vous êtes, il y aura de par nos actes et les vôtres toujours ce qu’il a refusé, l’exploitation de l’homme par l’homme, cette béance d’amour, avide, asséchée
sur sa tombe juste ces mots : il a essayé d’aimer